Qu'ont en commun l'acteur Kevin Spacey, les animatrices télé Oprah Winfrey et Chantal Lacroix, et l'entrepreneur mont-réalais Austin Hill? Tous ont cru, à un moment ou un autre, pouvoir répandre le bonheur, un geste à la fois. Austin Hill vient de lancer une entreprise web, Akoha, dont la mission repose exclusivement sur un seul souhait: que le jeu en ligne rende le monde meilleur. Rien de moins.

Il n'est certainement pas aussi connu que les trois personnalités mentionnées d'entrée de jeu. En dehors de la sphère technologique nord-américaine, du moins, car il est le fondateur, avec d'autres membres de sa famille, de la société Radialpoint (Zero Knowledge à l'époque), l'une des plus grosses boîtes privées de logiciels au Canada.

Depuis, il s'est transformé en ange financier, c'est-à-dire qu'il investit dans divers projets informatiques qui lui semblent prometteurs. Il est l'un des représentants de Montréal Startup, une société de capital de démarrage pour développeurs web d'ici.

Générosité virale

Cette expérience lui est très utile, dans le contexte d'Akoha, un jeu massivement multijoueurs (ou MMORPG, pour Massive Multiplayer Online Role-Playing Game), à la fois en ligne et hors ligne, qui combine des activités sur l'internet et dans le vrai monde. Chaque joueur obtient des cartes à jouer sur lesquelles sont inscrites de petites missions simples, à caractère social: donner un livre à une autre personne, donner une heure de son temps, offrir un café à quelqu'un, etc. En même temps que le livre ou le café, la mission est elle aussi confiée à cette autre personne, qui doit l'accomplir à son tour et qui devient de facto un joueur d'Akoha.

Une mission complétée fait grimper le joueur au classement général. Les cartes à jouer, en anglais seulement pour le moment, sont envoyées gratuitement aux nouveaux joueurs.

Le terrain de jeu d'Akoha est l'Amérique du Nord, et des compétitions entre villes et régions sont envisagées.

Mais ce n'est pas pour bientôt, car Austin Hill, et son partenaire Alex Eberts, comptent prendre leur temps pour bien développer leur produit. Financer ce projet, qui emploie une quinzaine de développeurs web à temps plein, n'est pas la chose la plus simple. «Les investisseurs traditionnels exigent la rentabilité rapidement, explique M. Hill. Nous préférons commencer lentement. On veut se faire connaître et établir la marque. Akoha n'est pas un commerce ou un concert rock, où on ouvre les portes en grand. On veut créer une communauté de joueurs, un joueur à la fois.»

Donner au suivant

Quand on demande à ses deux fondateurs d'où Akoha tire son inspiration, ils mentionnent le mouvement du web 2.0. «Ça démocratise tout: les blogues pour la publication, Wikipédia pour la connaissance, et YouTube et Flickr pour le divertissement. C'est facile: tout le monde peut faire un petit ajout et le résultat est immense. Alors, pourquoi ne pas faire la même chose pour les bonnes actions?»

MM. Eberts et Hill ne sont pas seuls à penser de la sorte. Le créateur du Wold Wide web, Tim Berners-Lee, est aussi du lot. Ce dernier a annoncé la semaine dernière qu'il créait la Fondation World Wide web, dotée d'une enveloppe de 5 millions de dollars, et dont l'objectif est d'utiliser l'internet comme outil de développement social. "La Toile est un outil d'innovation exceptionnel, en particulier pour les communautés dans le besoin", dit-il.

Entre une fondation comme celle-là et un jeu en ligne, il y a un monde. Cependant, Akoha et sa formule de «jouer au suivant» ressemble davantage à un projet communautaire qu'à un jeu vidéo à la Grand Theft Auto. L'idée a déjà donné naissance à une superproduction hollywoodienne, Payez au suivant, ainsi qu'à une série télévisée aux États-Unis et une autre au Québec. Il faudra donc ajouter Akoha, un jeu en ligne massivement multijoueurs, à la liste.