Un défilé de photos de personnalités juives ou supposées sur fond de chanson antisémite des années 30 : ce montage diffusé sur des sites de partage vidéo suscite une nouvelle action en justice du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA).

«J'ai déposé plainte mardi contre Dailymotion et l'auteur d'une vidéo égrenant sur le site les photos de personnalités juives ou supposées, sur fond de chanson antisémite, et comme je viens d'apprendre que YouTube diffusait le même film, je vais déposer plainte contre eux», a annoncé jeudi à l'AFP le président du BNVCA, Sammy Ghozlan.

Cette plainte était à l'étude jeudi après-midi au parquet de Paris qui peut décider d'ouvrir une enquête ou la classer sans suite.

Les photos de plus de 150 hommes politiques, vedettes de la télévision, journalistes, écrivains, philosophes, acteurs, humoristes, chanteurs connus défilent pendant plus de cinq minutes avec, en fond musical, une chanson antisémite intitulée «La noce à Rébecca».

Cette chanson créée en 1927 par Georgius, et reprise par Fernandel, évoque une noce de mariés de confession juive, où les participants sont notamment dépeints comme «sales, grossiers et voleurs». Selon le texte, un participant à la noce dérobe les couverts en argent et une bagarre éclate pour un vol de 2 sous.

 «Nous considérons que cette vidéo, qui ne cite aucun nom, constitue toutefois une liste photographique de nature antisémite, passible de poursuites pénales», assure M. Ghozlan.

Le BNVCA a saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour lui demander «un plus grand contrôle de Dailymotion, voire sa fermeture en cas de récidive» et a demandé au gouvernement «des mesures sévères contre Dailymotion et ses dirigeants qui hébergent la diffusion de ces vidéos illégales et antisémites sans en contrôler leur contenu au préalable».

Interrogé par l'AFP, Dailymotion a répondu : «Notre statut d'hébergeur ne nous oblige pas à surveiller les contenus en ligne, mais nous oblige en revanche à les retirer dès qu'on nous signale un contenu illicite ou contrefaisant». Le site précise que la vidéo incriminée «est en cours de traitement».

De son côté, YouTube a dit ne pas être au courant d'une plainte du BNVCA contre le groupe américain. «Les conditions d'utilisation de YouTube interdisent les contenus inconvenants. Les vidéos qui violent nos conditions peuvent aisément être signalés sur le site (...) et nos personnels prendront des actions appropriées», a déclaré à l'AFP une porte-parole de YouTube à Paris.

 «La France officielle n'est pas antisémite, toutefois la parole antisémite s'est libérée, elle est alimentée par ce type de médiatisation des clichés antijuifs sur la toile (...) qui désignent et livrent à la vindicte publique les hommes et les femmes qui se sont distingués», a ajouté M. Ghozlan.

   La France a récemment été le théâtre de plusieurs actions antisémites.

Une Chinoise et sa fille, qui vendaient à Paris des débardeurs portant des inscriptions antisémites, ont été placées sous le statut de témoin assisté et remises en liberté jeudi. Une information judiciaire a été ouverte pour «provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale».

Il y a quelques jours, des murs à Ajaccio ont été couverts de graffitis antisémites, selon M. Ghozlan.

Après l'agression d'un jeune Juif le 21 juin à Paris, un militaire de l'armée de l'air de la base de Taverny (Val d'Oise), avait été mis en examen pour «tentative de meurtre et violence en réunion aggravées par leur caractère antisémite».

 «On a toute la palette de la communication antisémite», a déploré Patrick Gaubert, président de la Licra. Un antisémitisme «qui se ressource dans les pires périodes de l'Histoire», a estimé le président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme, Michel Tubiana.

Les photos de plus de 150 hommes politiques, vedettes de la télévision, journalistes, écrivains, philosophes, acteurs, humoristes ou chanteurs connus en France défilent pendant plus de 5 minutes sur ces deux sites de diffusion de vidéos sur Internet avec en fond musical, une chanson d'avant-guerre antisémite intitulée «La noce à Rébecca», a constaté l'AFP.

La chanson, qui date de 1927, évoque une noce de mariés de confession juive, où les participants sont dépeints comme sales, grossiers et voleurs.

 «Nous considérons que cette vidéo, qui ne cite aucun nom, constitue toutefois une liste photographique de nature antisémite, passible de poursuites pénales», estime le président du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), Sammy Ghozlan, dans un communiqué.

M. Ghozlan a indiqué avoir déposé mardi une plainte contre le site français Dailymotion transmise au procureur de la République à Paris.

 «Comme je viens d'apprendre que YouTube diffusait le même film, je vais aussi déposer plainte contre eux», a déclaré à l'AFP M. Ghozlan.

Interrogé par l'AFP, Dailymotion a répondu que son «statut d'hébergeur» ne l'obligeait «pas à surveiller les contenus en ligne» mais «à les retirer dès qu'on nous signale un contenu illicite». Le site a précisé que la vidéo incriminée était «en cours de traitement».

YouTube, domicilié aux États-unis, n'a pas de représentant en France.

Le BNVCA demande au gouvernement français «des mesures sévères contre Dailymotion et ses dirigeants qui hébergent la diffusion de ces vidéos illégales et antisémites sans en contrôler le contenu au préalable».

Mardi, le parquet de Paris a ouvert une enquête après la mise en vente dans une boutique parisienne d'un quartier populaire de débardeurs pour femmes portant l'inscription «Entrée du parc interdite aux juifs» en allemand et en polonais, reproduisant un panneau d'interdiction nazie visant les juifs du ghetto de Lodz (Pologne) en 1940.

La propriétaire de la boutique et une vendeuse, deux Chinoises, ont été placées en garde à vue et déférées au parquet mercredi.