Les données confidentielles de 6 millions de Chiliens, dont leurs adresses, numéros de téléphones personnels et déclarations d'impôts, sont divulguées depuis deux jours sur internet par un cyber-pirate, révélant d'inquiétantes failles technologiques.

Les fichiers infiltrés par le «hacker», identifié comme le «poltron anonyme», sont encore accessibles sur la toile, car entre le moment de leur diffusion et le temps de réaction des administrateurs de Fayerwayer (site où ils ont été publiés) pour en bloquer la diffusion, ils avaient déjà été téléchargés et rediffusés sur d'autres sites, a expliqué l'AFP Leo Prieto, directeur de Fayerwayer.

«Les données sont encore disponibles sur la toile d'autant que certains médias ont commis l'erreur de les publier à leur tour», a-t-il souligné.

L'infiltration a mis au jour des archives qui contenaient le nom de millions d'individus, avec leurs identités, leurs adresses postales et téléphoniques, professionnelles et privées, leurs adresses électroniques, ou encore leurs parcours académique et social.

Les fichiers ont été piratés par le «poltron anonyme» dans les systèmes informatiques du Service électoral, de la Direction générale de mobilisation nationale (gérant le recrutement militaire et le contrôle des armes), le ministère de l'Education et l'annuaire téléphonique professionnel de Santiago contenant deux millions de noms, adresses et numéros de téléphones.

«Cette infiltration a été possible car sur plusieurs sites du gouvernement, ces informations sont ouvertes à la consultation publique. Une des théories émises est que quelqu'un a généré un "script" (un programme) qui a permis de récolter toute l'information qui n'était pas dûment protégée», a avancé M. Prieto.

Les autorités ont qualifié ce piratage de grave, et ouvert une enquête confiée à la Brigade du cyber-crime pour retrouver le ou les coupables.

Selon le directeur de Fayerwayer, il semble que le pirate ait été localisé «à Boston, aux Etats-Unis, mais cette information pourrait fort bien avoir été falsifiée».

Ce piratage révèle au grand jour la vulnérabilité technologique des services publics chiliens, estiment les experts. De fait, le «hacker» a affirmé que son objectif était de «démontrer que les données au Chili étaient mal protégées» et que «personne ne se préoccupe de protéger ces informations».

«Il est ainsi démontré que les institutions publiques du Chili doivent prendre au sérieux la sécurité informatique», a estimé Edmundo Leiva, directeur du département d'informatique de l'université de Santiago.

«Malheureusement, la question (de sécurité) au sein des institutions publiques est dissimilaire, mais il faudra être plus efficace à cet égard», déclare de son côté Alejandro Herrera, ingénieur informatique de l'Université du Chili.

Le Chili est un pays qui connaît une importante pénétration de l'internet, atteignant quelque 35% de sa population, forte de 16 millions d'individus, l'un des taux d'accès les plus élevés d'Amérique latine.

De nombreuses démarches publiques se réalisent de plus en plus et uniquement en ligne, comme les déclarations d'impôts qui sont à près de 100% evoyées exclusivement via l'internet.

Début mai, une vive polémique s'était produite en Italie où le ministère des Finances avait rendu publiques sur internet 40 millions de déclarations d'impôts dont celles de personnalités comme le couturier Giorgio Armani ou le footballeur Francesco Totti, avant que l'autorité de défense de la vie privée ne mette le holà à cette publicité intempestive.