Jeudi, le PDG de Microsoft Steve Ballmer a répété que Microsoft devrait trancher entre «trois grandes options» et qu'une annonce interviendrait sous peu: soit Microsoft renonce, soit il lance une manoeuvre hostile pour racheter Yahoo! de force, soit il trouve un accord amiable en relevant son offre.

Microsoft a offert le 1er février de racheter Yahoo!, numéro deux mondial de la publicité en ligne, pour 31 dollars par action soit 44,6 milliards de dollars, payables en cash et en actions.

Depuis, le titre Microsoft a baissé et son offre n'équivaut plus qu'à 29 dollars par action, soir 42 milliards environ.

Selon le Wall Street Journal, Microsoft pencherait maintenant pour un raid hostile, où il s'adresserait directement aux actionnaires et leur demanderait de débarquer les dirigeants actuels de Yahoo! qui refusent son offre depuis trois mois car ils la jugent trop basse.

Jeudi Steve Ballmer avait déclaré devant ses salariés que Yahoo! était intéressant pour Microsoft dans sa stratégie visant à concurrencer Google dans la publicité en ligne. Mais il a martelé qu'il ne paierait «pas un cent» de plus que ce que vaut Yahoo!», après avoir rappelé qu'il pourrait très bien renoncer.

Jerry Yang, le PDG de Yahoo!, est loin de baisser les bras, comme le montre sa dernière manoeuvre: selon des sources informées, il serait sur le point de conclure un accord à grande échelle avec son rival Google, en lui sous-traitant le placement des publicités sur son moteur de recherche.

Yahoo! deviendrait ainsi un partenaire commercial de Google dans ce type de publicités, et non plus son rival, et toucherait des commissions.

Un tel accord pourrait cependant être bloqué par les régulateurs, car à eux deux Google et Yahoo! ont une part de marché écrasante dans les recherches sur internet, de plus de 80%.

Le suspense s'est intensifié toute la semaine, depuis l'expiration samedi dernier d'un ultimatum qu'avait lancé Microsoft à Yahoo!, exigeant une réponse favorable ou menaçant sinon de baisser son offre ou de la retirer. Mais le délai a expiré sans que rien ne se passe, ni d'un côté ni de l'autre.

Yahoo! a campé sur son refus et Microsoft a réuni son conseil d'administration mercredi sans se décider.

«Yahoo! n'est pas une stratégie en soi, c'est une partie d'une stratégie», selon des propos de Steve Ballmer rapportés par le blog Silicon Alley Insider.

«Nous sommes intéressés à le racheter à un certain niveau (de prix), mais au delà nous ne désirons pas payer davantage. Je sais exactement ce que Yahoo! vaut pour moi. Je ne paierais pas un centime de plus», a-t-il dit.

Yahoo! a parallèlement cherché des contre-alliances, notamment en engageant des négociations avec Time Warner pour fusionner avec sa filiale internet AOL.

Selon le Wall Street Journal, Microsoft aurait évoqué avec Yahoo! un relèvement de son prix à 32-33 dollars, mais ne voudrait pas aller jusqu'à 35-37 dollars comme le réclame sa cible.

M. Ballmer a réaffirmé que la raison clé de racheter Yahoo! serait de créer un numéro deux crédible face à Google, qui domine largement le secteur en plein essor de la publicité sur internet, en encaissant 30% des recettes mondiales. Face à lui Yahoo! (14%) et Microsoft (6%) combinés auraient autour de 20%.

La plupart des analystes estiment que Microsoft lancera une manoeuvre hostile qui pourrait durer des mois, et devrait s'avérer gagnante en bout de compte, mais à grand frais.

Le marché pariaient pour leur part vendredi sur un relèvement de son offre, car l'action Yahoo! gagnait près de 4%, à 27,80 dollars.