Avec l'espoir de «dompter la bête» qu'est l'internet, l'industrie québécoise de la musique souhaite désormais tirer parti de l'univers numérique plutôt que de rester sur la défensive. Voilà l'attitude qu'on souhaite adopter aux Rencontres québécoises de l'industrie de la musique, organisées par l'ADISQ depuis 1995 et qui se tiennent aujourd'hui et demain au Marché Bonsecours.

«À l'ADISQ, nous disons depuis longtemps que l'internet est porteur du pire et du meilleur. Enfin, on commence à parler du meilleur plutôt que d'exprimer comment ça nous fait mal. C'est dans cet esprit qu'on a bâti la programmation des Rencontres cette année», explique Solange Drouin, directrice générale de l'ADISQ.

Responsabilisation des fournisseurs d'accès internet, neutralité des réseaux, filtrage de la bande passante, nouveaux partenariats, nouvelles stratégies de mise en marché et de diffusion sur le Net, nouveaux revenus émanant des droits d'exécution publique, voilà autant de sujets qui seront abordés par les professionnels québécois de la musique, auxquels se joindront moult collègues d'Europe et d'Amérique.

L'ADISQ se montre d'ailleurs très fière de sa sélection de panélistes cette année. Figurent au nombre des invités: Arnaud Delbarre, directeur général et artistique de l'Olympia, Stéphane Gilker, avocat québécois spécialisé dans le droit d'auteur, Suzanne Morin, chef adjointe du service juridique, droit et politique réglementaire chez Bell, David Pakman, président directeur général du site de téléchargement en ligne eMusic, France Lafleur, directrice générale de la SOCAN pour l'est du pays, Shira Perlmutter de l'International Federation of the Phonographic Industry, Walter McDonough de la Future of Music Coalition, André Ménard de l'Équipe Spectra et du Festival international de jazz de Montréal ou encore Terry McBride, propriétaire du fameux label canadien Nettwerk (Sarah McLachlan, Avril Lavigne, Barenaked Ladies, etc.).

«Bien sûr, souligne Solange Drouin, il faut faire état de l'expérience française depuis la parution du rapport Denis Olivennes - ce texte a inspiré une loi bientôt adoptée en France, qui prévoit une riposte graduée contre les internautes qui téléchargent illégalement. Il est d'autant plus important de discuter de cette expérience dans le contexte d'une éventuelle loi canadienne sur le droit d'auteur où l'on s'apprêterait peut-être à déresponsabiliser les FAI.»

Un autre dossier important des Rencontres, selon Solange Drouin, est celui de la neutralité des réseaux.

«Est-il souhaitable de contrôler la bande passante? Est-il souhaitable d'éviter ce contrôle? Ne la contrôle-t-on pas déjà? Chez Bell, par exemple, n'a-t-on pas exprimé l'intention de le faire? Selon moi, les FAI peuvent filtrer la bande passante, puisqu'ils sont capables d'identifier les protocoles internet des contenus illégaux qui circulent sur la Toile. On peut déjà contourner ces protocoles, affirment certains? Peut-on commencer par essayer? Chaque jour, des millions de transactions sécurisées s'effectuent dans le monde financier. Pourquoi ne pourrait-on pas faire autant avec la bande passante?» soulève la directrice générale de l'ADISQ.

Chaudes discussions à l'horizon...