Les élèves sont davantage cyberintimidés que les enseignants, révèle un sondage mené auprès de 1200 membres de la Centrale des syndicats du Québec travaillant dans le milieu scolaire. Mais les trois quarts du personnel se sentent démunis face au phénomène.

La CSQ presse le ministère de l'Éducation de sortir son plan de lutte contre la violence, promis et remis depuis plus d'un an. « Va-t-il falloir mettre des bandes autour des écoles avec des caméras ? » a lancé le président de la CSQ, Réjean Parent, au cours d'une conférence de presse. Il faisait référence à l'intervention rapide de la ministre Michelle Courchesne à la suite de la bagarre impliquant Jonathan Roy il y a quelques semaines.

Comme La Presse l'a démontré dans une série publiée en janvier, la cyberintimidation est un phénomène qui prend les écoles de court. « Nos membres trouvent qu'il serait important d'agir, mais ils sentent que leur établissement d'enseignement est démuni », a expliqué Luc Dallaire, conseiller à la recherche à la CSQ.

Plus de neuf membres sondés sur 10 considèrent que les écoles devraient être plus sévères envers les élèves qui intimident leurs camarades sur l'internet. La cyberintimidation devrait même faire partie des choses interdites dans leur code de vie.

Mais seulement 5 % des membres du personnel scolaire sondés ont déclaré avoir déjà été victimes de cyberintimidation ; le résultat est un peu plus élevé au privé (9 %). « Mais la cyberintimidation se vit davantage chez les jeunes », a indiqué M. Parent. Plus du quart des répondants connaissent au moins une victime de cyberintimidation. Dans la plupart des cas, ce sont des élèves. « Ce sont surtout des commentaires sur leur apparence ou des propos diffamatoires », a précisé M. Dallaire.

Toujours selon les intervenants scolaires sondés, la cyberintimidation se fait surtout par courriels (54 %), sur les sites de clavardage (20 %) ou par messages textes (11 %). Souvent, les jeunes empruntent les mots de passe de leurs camarades pour diffuser de fausses affirmations à leur sujet, ou encore pour en injurier d'autres en leur nom.

Selon M. Parent, ce sondage « sonne l'alarme » mais suscite aussi l'espoir. La conférence de presse avait lieu à l'école primaire Sainte-Germaine-Cousin, à Pointe-aux-Trembles, où une équipe a été formée pour prévenir la « violence indirecte » dont fait partie la cyberintimidation. Des élèves désignés sont même des « médiateurs » de conflit.

« Quand il y a un plan d'intervention, ça marche ! » a plaidé M. Parent. Mais le président de la CSQ a concédé que cette école faisait figure d'exception. Il faut un « leadership national » du ministère de l'Éducation. « On réclame un plan d'intervention », a-t-il dit.

La CSQ demande à Québec de déposer son plan de lutte contre la violence dans les plus brefs délais, et que la cyberintimidation en fasse partie. Ce plan a été promis il y a un an, puis avant Noël ; cela fait plusieurs mois qu'il doit être dévoilé dans « quelques semaines ».

Ce sera au printemps, a assuré hier Jean-Pascal Bernier, l'attaché de presse de Mme Courchesne. « Il s'en vient rapidement. Il est à la dernière phase de l'approbation des documents. » Mandaté par la CSQ, CROP a réalisé 1200 entrevues téléphoniques, du 6 au 19 février. Le sondage est précis à trois points près, 19 fois sur 20.