Le groupe internet américain Yahoo!, accusé d'avoir fourni aux autorités chinoises les identités de cyberdissidents, a mis en place un fonds pour aider ceux d'entre eux qui sont emprisonnés, a indiqué mercredi le responsable de Yahoo Human Rights Fund.

Harry Wu, dissident chinois qui a passé 19 ans dans des camps de travail pour avoir exprimé ses opinions politiques, a refusé d'indiquer de quelles ressources disposaient ce fonds.Ce fonds est destiné à soutenir les familles des cyberdissidents emprisonnés, surtout ceux ayant utilisé les services de Yahoo!, et à leur fournir de quoi payer une assistance juridique, a-t-il précisé.

Cet argent doit également permettre de faire connaître à tous où en sont les droits de l'Homme dans ce pays, a poursuivi M. Wu qui vit maintenant aux Etats-Unis et dirige par ailleurs la «Laogai Research Foundation», baptisée d'après le mot chinois signifiant «rééducation par le travail».

Le PDG de Yahoo, Jerry Yang, avait annoncé la création de ce fonds en novembre dernier, après la signature d'un accord amiable avec les avocats de Shi Tao et Wang Xiaoning, deux cyber dissidents chinois emprisonnés respectivement depuis 2004 et 2002.

Des responsables du géant de l'internet, mis en cause pour sa collaboration dans ces affaires avec les autorités de Pékin, avaient été entendus par le Congrès américain une semaine plus tôt.

A la mi-mars, Yahoo! Chine et le portail chinois Sina ont aussi publié les portraits de 19 manifestants, les plus recherchés par la police chinoise après les émeutes de Lhassa (Tibet), avec une notice appelant le public à prévenir la police s'il disposait d'éléments permettant de les localiser.

Le groupe américain a démenti avoir lui-même mis en ligne ces photographies, arguant que la marque Yahoo! Chine était «opérée par Alibaba, société dont Yahoo! détient moins de 40% des parts», avait précisé le 22 mars un porte-parole du groupe.