À quelques jours de l'élection présidentielle en Russie, le 2 mars, les trois grandes chaînes et les principaux médias russes ne se risquent pas à critiquer le président sortant Vladimir Poutine et son successeur désigné, Dimitri Medvedev. Les blogues s'en chargent, malgré les difficultés d'accès à Internet.

À quelques jours de l'élection présidentielle en Russie, le 2 mars, les trois grandes chaînes et les principaux médias russes ne se risquent pas à critiquer le président sortant Vladimir Poutine et son successeur désigné, Dimitri Medvedev. Les blogues s'en chargent, malgré les difficultés d'accès à Internet.

Nombre de blogueurs ironisent sur le résultat de l'élection, à peu près sans surprise. Un internaute, «lekkaïreka», explique qu'une vieille dame, dans la rue, lui a demandé «s'ils ont déjà nommé Medvedev président et si on pourra quand même aller voter». Les Russes le savent bien, «c'est une fiction», écrit Rustem Adagamov, auteur sous le pseudonyme «l'autre» d'un blogue très fréquenté. «Chacun connaît déjà le résultat».

«YUGva» s'interroge sur la personnalité de Medvedev, qu'il qualifie de «candidat croupion» au service d'intérêts privés. «Je pense qu'il va vendre la Russie à l'Amérique et l'Occident, et tout le monde est en train de saluer son arrivée?»

Sur le Net, commentateurs professionnels ou amateurs font preuve d'une grande liberté de ton et ne sont pas censurés, contrairement aux grands médias, dont les journalistes redoutent la colère du Kremlin. Depuis huit ans, sous Vladimir Poutine, la présidence russe a renforcé son contrôle de la presse écrite et audiovisuelle, notamment par le rachat de chaînes ou grands titres avec le concours d'hommes d'affaires proches du Kremlin.

Du coup, un nombre croissant de Russes désireux de s'informer se tournent vers le Net. «La propagande à la télévision, ça ne marche plus, pour personne», observe Oleg Panfilov, journaliste et blogueur régulier.

Inquiet, le pouvoir russe se demande comment reprendre la main. Le Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement, envisage de soumettre les sites web enregistrant plus de 1000 lecteurs quotidiens aux mêmes règles que la presse écrite. Le Kremlin est également soupçonné d'avoir constitué des équipes de blogueurs chargés de répandre la bonne parole.

Possible, «mais des gens qui écrivent la même chose que dans les journaux proches du Kremlin, ça n'intéresse personne», commente Stanislav Belkovsky, analyste de l'Institut national de stratégie, un cercle de réflexion. La campagne de Vladimir Poutine, ses longs discours, les apparitions officielles sagement relayées n'amusent pas, de fait, tous les internautes.

«Je ne participe pas à cette farce», tranche un blogueur de Vladivostok, commentant l'élection du week-end prochain. Au point où en sont les choses, une monarchie conviendrait carrément mieux qu'une démocratie, estime «Nuage noir» de Saint-Pétersbourg. «Niagara1977» juge lui que lire une notice nécrologique serait mois ennuyeux qu'écouter certains des discours de Vladimir Poutine...

«Dimitridimitriev» en convient. Il a voulu regarder la retransmission télévisée de la dernière conférence de presse de Vladimir Poutine en tant que président, le 14 février. «Mais heureusement, j'ai dormi tout du long. Probablement une bonne chose».

Tous ces blogues, s'ils constituent un antidote à la pensée unique et aux discours formatés, restent toutefois d'une portée politique limitée. Notamment en raison de l'influence sur la politique russe du Kremlin et de ses alliés. L'autre obstacle est d'ordre technique: la vétusté du réseau téléphonique russe ne permet pas la généralisation de connexions rapides, à haut débit. Internet reste difficile à trouver dans les régions les plus pauvres et les ordinateurs constituent toujours un luxe.

Sur le Web :

- community.livejournal.com/politicsïru/

- russophobe.blogspot.com/

- www.seansrussiablog.org