Dire que les blogues prolifèrent à une vitesse phénoménale est un euphémisme. En avril 2007, l'agrégateur de blogues, Technorati, évaluait leur nombre sur la planète à 70 millions et leur croissance à 120 000 par jour.

Dire que les blogues prolifèrent à une vitesse phénoménale est un euphémisme. En avril 2007, l'agrégateur de blogues, Technorati, évaluait leur nombre sur la planète à 70 millions et leur croissance à 120 000 par jour.

Pas étonnant qu'au Québec, les blogues soient plus consultés que jamais. Selon l'enquête NETendances (CEFRIO), le pourcentage des adultes québécois qui les fréquentent, a plus que doublé en deux ans, passant de 12% en 2005 à 26% en 2007.

Ainsi, le Québec compterait depuis 2005 environ 800 000 nouveaux lecteurs de blogues, dont 350 000 seulement en 2007. Et qui sont les plus grands utilisateurs de blogues au Québec? Les hommes (34% contre 18% pour les femmes); les plus scolarisés (35% chez les personnes qui détiennent une formation universitaire); les plus jeunes (44% chez les 18-34 ans), les professionnels (34%) et les étudiants (63%).

L'impact réel

Maintenant que leur popularité est établie, qu'en est-il de leur influence? Ces tribunes publiques ont-elles un certain impact sur la population? À ce chapitre, une autre étude, dévoilée en juillet 2007 par Ipsos Reid, révèle que 61% des Canadiens affirment que les remarques positives qu'ils peuvent lire à propos d'un produit sur un blogue peuvent les inciter à l'acheter. C'est dire à quel point, les entreprises devraient prendre la chose au sérieux.

Mais c'est leur impact négatif que les dirigeants devraient le plus redouter. Ainsi, toujours selon cette étude, 66% des participants disent ne pas être enclins à acheter des produits que l'on critique négativement sur les carnets personnels. L'étude rapporte également que les consommateurs font preuve de discernement lorsqu'il s'agit de blogues d'entreprise. Ainsi, la moitié des répondants les considèrent comme une source fiable alors que 34% jugent que l'information qu'on y présente n'est pas très fiable, et 15% croient qu'elle ne l'est pas du tout.

La réalité québécoise

Et dans ce domaine, le Québec ne semble pas faire exception. Une étude similaire réalisée en octobre 2007 par Lionel Bohbot, finissant à la maîtrise à HEC Montréal arrive sensiblement aux mêmes conclusions. «Nos résultats démontrent que les personnes accordent plus de crédibilité à un texte qui se trouve sur un blogue indépendant que sur un blogue de nature commerciale qui pourrait «appartenir à» ou «avoir un lien avec» l'entreprise qui commercialise le produit sur lequel porte le texte, déclare Sylvain Sénécal, professeur agrégé et titulaire de la chaire de commerce électronique RBC Groupe Financier à HEC Montréal.»

Rappelons que l'objectif principal de cette recherche consistait à déterminer l'influence que la source de contenu (l'auteur de l'article, le propriétaire du blogue) et les commentaires peuvent avoir sur l'attitude des personnes face à un texte de blogue dans lequel on décrivait un nouveau produit technologique. L'étude a été réalisée auprès d'un échantillon de convenance constitué de 180 étudiants universitaires québécois.

En outre, tout comme l'étude d'Ipsos Reid, celle de HEC Montréal confirme que faire parler positivement de soi sur un blogue qui ne nous appartient pas a un plus grand effet que parler positivement de soi ou de ses produits sur son propre blogue.

«L'étude nous a aussi appris qu'une entreprise désirant lancer un blogue doté d'une section où les visiteurs peuvent s'exprimer sur son contenu, ne doit pas sous-estimer l'effet que ces commentaires pourraient avoir sur l'attitude des lecteurs face à ces articles eux-mêmes, aux produits dont il est question et au propriétaire du blogue», tient à préciser Lionel Bohbot.

«Un gestionnaire doit également porter attention à l'attitude générale du public face à son entreprise ou à sa marque avant de lancer un blogue qui comporte une section pour commentaires, surenchérit Sylvain Sénécal. Une entreprise (ou une marque) qui compte de nombreux détracteurs pourrait voir son blogue se faire assaillir par des utilisateurs et des commentaires indésirables.»

Enfin, selon l'étude, tout porte à croire que les textes de blogues peuvent mener à des attitudes plus favorables à l'égard d'un produit ou d'une marque, et aller jusqu'à inciter à l'achat ou à la recommandation de ce produit ou de cette marque.

Pour en savoir plus :

- Technorati

- Blogging in Canada - Ipsos Reid