Deux Montréalais figurent parmi les neuf Canadiens arrêtés dans le cadre d'une vaste opération policière internationale baptisée opération Koala visant à démanteler un réseau de pédophilie sur Internet.

Deux Montréalais figurent parmi les neuf Canadiens arrêtés dans le cadre d'une vaste opération policière internationale baptisée opération Koala visant à démanteler un réseau de pédophilie sur Internet.

Ces Canadiens sont des présumés clients du réseau qui serait formé de quelque 2500 personnes, en majorité des Européens, a dévoilé la Gendarmerie royale du Canada, hier, lors d'une conférence de presse à Ottawa.

La GRC poursuit son enquête sur quelque 50 autres suspects liés au réseau. Parmi eux, des instructeurs de natation, des chefs scouts, des professeurs d'université, des avocats et des travailleurs sociaux, selon le corps policier. Les neuf hommes arrêtés vivent dans sept provinces différentes.

«Ces suspects ne sont pas tombés sur un site de pornographie juvénile une fois par hasard en naviguant sur l'internet», a expliqué la gendarme Mélanie Laroche, du Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants de la GRC. L'achat de vidéos de pornographie infantile par l'entremise de ce réseau comportait plusieurs étapes.

Les suspects visionnaient d'abord des extraits de films dans lesquels de jeunes filles âgées de 9 à 16 ans se font violer par un homme ou sont forcées de commettre des actes sexuels entre elles. Les clients passaient ensuite leur commande pour obtenir la vidéo complète (d'une durée de 60 à 90 minutes) en remplissant un formulaire d'inscription. Ils devaient faire un paiement électronique de 75 à 150$ canadiens par vidéo. Une fois l'argent reçu, le chef du réseau leur fournissait un mot de passe et un nom d'utilisateur pour qu'ils téléchargent le matériel.

Les Montréalais, l'un dans la quarantaine et l'autre dans la cinquantaine, ont été arrêtés en novembre dans la métropole, a indiqué le commandant à la section des agressions sexuelles à la police de Montréal, Pierre Leduc. Tous deux ont été accusés de possession de matériel pornographique juvénile et d'avoir accédé à un site internet contenant ce matériel. Ils ont comparu fin novembre et ont été libérés sous conditions en attendant leur procès.

Opération Koala

L'opération Koala a débuté en juillet 2006 en Australie, alors que des enquêteurs ont découvert des vidéos montrant deux soeurs de 9 et 11 ans violées par un homme parlant flamand. Avec cet indice, les policiers ont retrouvé les fillettes en Belgique et l'agresseur qui était leur père.

Le Belge a mené Europol (Office européen de police) à la tête du réseau: un Italien qui opérait en Belgique, aux Pays-Bas et en Ukraine. Le producteur italien, Marzola Sergio, invitait certains clients à participer au tournage dans son studio en Ukraine. Il a été arrêté l'an dernier tout comme 92 autres suspects dans 18 pays d'Europe et en Australie.

Europol a identifié une vingtaine de jeunes victimes, en grande majorité des Ukrainiennes. Les policiers européens ont pu transmettre une liste de 98 clients au Canada. La GRC en a identifié la moitié. La raison: le manque de coopération ou le manque de moyens de certains fournisseurs d'accès internet, a expliqué la caporale Lana Prosper de la GRC.

À l'heure actuelle, le Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants de la GRC mène une douzaine d'enquêtes majeures, soit avec au moins 40 suspects par dossier, a ajouté Mme Laroche. La police de Montréal, de son côté, enquête sur 100 à 125 cas d'exploitation sexuelle d'enfants à des fins commerciales chaque année.

«Le gouvernement du Canada est déterminé à lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants à l'échelle mondiale et il continuera de travailler avec ses partenaires nationaux et internationaux en vue de réprimer ce crime odieux», a dit pour sa part le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day.