Ils viennent d'une presse écrite mal en point et pensent qu'Internet peut redonner du tonus au journalisme indépendant et d'enquête : après le site Rue 89, lancé par des anciens de Libération, MediaPart, le projet d'Edwy Plenel, prend tournure tandis que le site Bakchich se dévoile.

Ils viennent d'une presse écrite mal en point et pensent qu'Internet peut redonner du tonus au journalisme indépendant et d'enquête : après le site Rue 89, lancé par des anciens de Libération, MediaPart, le projet d'Edwy Plenel, prend tournure tandis que le site Bakchich se dévoile.

Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du quotidien Le Monde, organisait mercredi une soirée de présentation de son projet de site d'information payant MediaPart.fr.

«Nous sommes au début de l'aventure. Le journal en ligne ne devrait pas être lancé avant mars 2008», a indiqué à l'AFP M. Plenel. «Nous préférons partir avec les reins solides», a-t-il déclaré.

«D'ici la fin de l'année, nous aurons réuni 3 millions d'euros», ajoute le journaliste qui s'est fixé un objectif de 4 millions d'euros pour mettre le projet sur de bons rails.

En attendant, un pré-site détaille la philosophie du projet et l'équipe en cours de constitution (25 journalistes pourraient être recrutés). Benoît Thieulin, qui a animé la campagne Internet de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle, apporte son savoir-faire en matière de Web.

«Nous voulons revenir à un journalisme debout, où l'on n'est pas prisonnier de son écran. Nous voulons enquêter», a déclaré M. Plenel, qui a quitté Le Monde en 2005.

À l'encontre du «dogme de la gratuité» qui prévaut sur Internet, Plenel a choisi de faire payer les internautes pour «l'information à forte plus-value» que se propose d'apporter le site. L'abonnement devrait être de 9 euros par mois (13 dollars canadiens) et de 5 euros (7,50 dollars) pour les moins de 25 ans et les chômeurs.

Toute la difficulté pour les sites d'information indépendants qui se lancent est de «trouver un modèle économique viable», souligne Jean-Marie Charon, sociologue spécialiste des médias. Et ce n'est pas gagné.

Le site Rue 89, lancé le 6 mai dernier par quatre anciens de Libération, a opté, lui, pour un accès gratuit. Démarré grâce aux indemnités de départ des fondateurs et le soutien d'amis, Rue89.com «commence à engranger des recettes publicitaires», a indiqué à l'AFP Pierre Haski, l'un des fondateurs.

«Nous commençons à rentrer dans les écrans radar», estime M. Haski en ajoutant que le site enregistre 450 000 visites uniques par mois, selon l'institut Nielsen. Après sept mois d'existence, «nous sommes encore un petit Poucet mais nous sommes plutôt en avance sur nos objectifs», dit-il.

Rue89 tourne avec quinze personnes dont dix journalistes et des contributions extérieures.

«Nous avons le sentiment que notre approche -mélanger journalisme professionnel et le côté participatif d'Internet- est validée par un public», souligne M. Haski. Les journalistes relisent et vérifient les informations envoyées par les internautes.

«C'est une garantie», ajoute-t-il.

Financièrement Rue89 est encore «loin de l'équilibre», reconnaît M. Haski qui espère y arriver en 2009. En attendant, le site cherche des investisseurs et évalue son besoin de financement à 2 millions d'euros pour assurer son développement d'ici là.

Le site d'information satirique et polémique Bakchich est encore plus artisanal. Lancé il y a quinze mois notamment par Xavier Monnier, ancien du CFJ (Centre de formation des journalistes), Bakchich.info se veut un site d'information satirique et caustique.

Le journaliste Nicolas Beau, qui vient de quitter Le Canard Enchaîné, a pris la direction de la (mini) rédaction.

Le site est gratuit mais il vient de rendre payant son hebdomadaire en PDF disponible le vendredi. «Nous avons 600 abonnés depuis novembre», déclare M. Beau.