Sur Wikipédia, la principale encyclopédie populaire de l'internet, la biographie de Laurent Beaudoin est très courte. On n'y trouve que quatre petits paragraphes qui mentionnent sa date de naissance, son accession à la tête de la direction de Bombardier, sa décoration à l'Ordre du Canada... et surtout, la controverse qui a entouré la fourniture de wagons pour la voie ferrée liant les grandes villes chinoises à Lhassa, au Tibet.

Sur Wikipédia, la principale encyclopédie populaire de l'internet, la biographie de Laurent Beaudoin est très courte. On n'y trouve que quatre petits paragraphes qui mentionnent sa date de naissance, son accession à la tête de la direction de Bombardier, sa décoration à l'Ordre du Canada... et surtout, la controverse qui a entouré la fourniture de wagons pour la voie ferrée liant les grandes villes chinoises à Lhassa, au Tibet.

«Plusieurs groupes d'activistes pro-Tibet l'accusent d'avoir aidé la Chine à construire le train vers le Tibet qui va probablement faire disparaître le peuple tibétain et sa culture, et qui a même commencé à le faire, en raison de l'influx d'immigrants chinois au Tibet.»

L'article de Wikipédia sur l'entreprise Bombardier est plus complet.

On mentionne cependant dans le paragraphe d'ouverture que «grâce à un programme de lobbying extrêmement réussi au Québec, l'entreprise est aussi un des plus grands producteurs de dette publique au pays». Or, depuis des années, Bombardier soutient qu'elle ne bénéficie pas de subventions gouvernementales, mais de programmes de partage de risque.

L'entreprise se fait plutôt avare de commentaires.

«Il y a beaucoup d'information qui circule, remarque Isabelle Rondeau, directrice des communications chez Bombardier. Nous n'avons pas l'occasion de tout lire, tout voir.»

N'importe qui peut soumettre ou éditer des articles sur Wikipédia. L'idée, c'est qu'avec le temps et la contributions de diverses sources, ces articles devraient être de plus en plus complets et équilibrés.

Bombardier n'est pas la seule entreprise qui aurait peut-être avantage à lire ce qui s'écrit sur elle sur Wikipédia. Ainsi, l'article sur le manufacturier de chandails et de chaussettes Gildan ne compte que quatre paragraphes qui portent essentiellement sur les critiques adressées par le Maquila Solidarity Network au sujet de la fermeture d'usines au Canada et des conditions de travail dans des pays comme le Honduras, le Nicaragua et Haïti, «des régions reconnues pour l'exploitation de la main-d'oeuvre».

Selon Cristiane Bourbonnais, présidente de Cohésion Stratégies, une firme de consultations en stratégie de marques, les entreprises ont un devoir de diligence et se doivent de surveiller l'information publiée sur eux. Or, le phénomène des sites internet interactifs comme Wikipédia, Facebook et YouTube s'est développé très rapidement.

«Les entreprises n'ont pas réalisé rapidement l'impact que ça peut avoir, affirme Mme Bourbonnais. Elles ont développé les réflexes de faire des revues de presse, de corriger, de rappeler les journalistes. Maintenant, il faut élargir ce réflexe pour inclure les Wikis et regarder les YouTube. Ce sont des médias aussi vivants que les autres médias, les journaux, les magazines et la télé.»

Elle croit que les gens de Bombardier devraient s'organiser pour corriger la biographie de Laurent Beaudoin. «Ça ne laisse pas une image positive de M. Beaudoin, alors qu'il y a tellement plus à dire sur lui.»

Mme Bourbonnais soutient cependant qu'il faut faire confiance à l'intelligence des gens.

«On sait que Wikipédia est alimenté par toutes sortes de gens, on ne prend pas nécessairement pour acquis cette information, affirme-t-elle. C'est une source de plus, mais il faut se faire une tête.»

Selon elle, l'entreprise peut également contrer les images négatives qui pourraient être présentées sur l'internet en se bâtissant un bon profil public, en faisant valoir ses bons coups. «Il faut faire en sorte que les gens aient une connaissance raisonnable des bons accomplissements d'une entreprise ou d'un dirigeant, déclare-t-elle. Ainsi, lorsqu'ils tombent sur une information à tout le moins partielle, ou peu élogieuse, ils sont capables d'exercer un jugement et de se dire: il me semble qu'il y a plus que ça.» Mme Bourbonnais salue cependant la démocratisation de l'accès à l'information que représentent les divers sites internet interactifs.

«On n'a pas uniquement le point de vue de l'entreprise, il y a d'autres perspectives, souligne-t-elle. Le public se fait une opinion, c'est lui le juge ultime. C'est toute la beauté du système.»