Après la musique et le voyage, c'est au tour de l'immobilier de passer dans le tordeur du web 2.0. La prémisse: pourquoi payer une commission à un agent immobilier si l'on peut obtenir de l'information gratuitement ailleurs?

Après la musique et le voyage, c'est au tour de l'immobilier de passer dans le tordeur du web 2.0. La prémisse: pourquoi payer une commission à un agent immobilier si l'on peut obtenir de l'information gratuitement ailleurs?

Deux entreprises québécoises posent la question et comptent profiter du réseau internet pour transformer la façon dont on achète sa maison.

«C'est une tendance générale: l'influence que peuvent avoir plusieurs internautes réunis a de plus en plus d'importance», constate George Favvas, fondateur du service en ligne Smarthippo.com, lancé il y a un mois.

«Par exemple, les gens se fient à des communautés d'internautes pour économiser dans leurs réservations de voyage. Ils épargnent 500, 1000$. Pour la plupart des gens, l'achat d'une maison est le geste financier le plus important. Imaginez combien ils pourraient épargner là-dessus!»

Plus de transparence

Encore en construction, ce site ne s'adresse, pour le moment, qu'aux consommateurs américains.

Plus précisément, à ceux qui désirent comparer différents taux hypothécaires obtenus par des gens dans la même situation qu'eux. Grâce à cela, ils seront mieux informés au moment de négocier leur propre hypothèque.

«Quand on entre dans une banque, on sait que le taux affiché n'est pas le plus bas, explique M. Favvas, mais on ne sait pas jusqu'où on peut négocier. C'est l'avantage qu'ont les courtiers quand ils négocient avec des clients. Smarthippo veut renverser cette situation.»

Mieux renseignés, les acheteurs pourront aussi éviter certains pièges tendus par des courtiers malhonnêtes, un phénomène qui a contribué en partie à la crise

Si Smarthippo gagne son pari, George Favvas compte explorer d'autres produits financiers. «Nous irons partout où il y a manque de transparence», espère l'entrepreneur montréalais.

De son côté, Nicolas Bouchard a fondé DuProprio.com, en 1997 (à l'époque: directduproprio.com).

Depuis 2001, le chiffre d'affaires de l'entreprise a bondi de 656%. En mai dernier seulement, ses ventes ont totalisé 300 000$, un record.

Le mois suivant, M. Bouchard a reçu à juste titre le prix de jeune entrepreneur de l'année au Canada, et DuProprio.com mérite sans cesse des éloges depuis.

«S'il n'y avait pas internet, on ne pourrait pas faire d'affaires, résume M. Bouchard. Des fois, on se demande si on est d'abord une agence immobilière ou une entreprise Web; je pense qu'on est les deux!»

Les outils à l'internaute

Le succès du site s'explique simplement: l'usager a tous les outils sous la main -plutôt, sous la souris- pour vendre sa maison.

«DuProprio.com dépasse les standards de l'industrie par le volume d'information disponible et l'harmonisation des données, tout en demeurant très clair», résume Pascal Beauchesne, analyste marketing spécialisé dans les nouveaux médias.

En effet, on y trouve des photos, des commentaires, un forum de discussion, et même une application DuProprio à utiliser sur le site Facebook.

D'environ 700 propriétés vendues en 2001, l'entreprise de Nicolas Bouchard est passée à plus de 3500 l'an dernier.

Et ce n'est pas fini. Son fondateur cite quelques nouveautés qui attireront encore plus de nouveaux clients.

Ainsi, en utilisant Google Maps, «les gens pourront indiquer les points d'intérêt avoisinant leur propriété, comme un parc ou une école, sur une carte de leur quartier».

Ils pourront aussi utiliser un système sophistiqué d'estimation de la valeur de leur propriété avant de la mettre en vente.

Faible commission

Tout ça pour une fraction de la commission exigée par les agents immobiliers traditionnels, qui demandent 5, 6 ou 7% du prix de vente d'une propriété.

Sauf que, selon les deux hommes d'affaires, il n'y a pas que le facteur pécuniaire qui joue dans la balance.

«Les gens qui veulent vendre ou acheter une propriété veulent participer davantage», pense Nicolas Bouchard. George Favvas partage son opinion. Il ajoute: «internet donne plus de pouvoir aux consommateurs. C'est bon pour eux, et c'est bon pour l'industrie.»