Devant l'incapacité des autorités nord-américaines de faire taire les sites faisant la promotion de la culture «boy lover», une riposte citoyenne s'organise sur la Toile. Par le truchement d'une myriade de sites web, des centaines de parents traquent sans relâche les activités des pédophiles en ligne.

Devant l'incapacité des autorités nord-américaines de faire taire les sites faisant la promotion de la culture «boy lover», une riposte citoyenne s'organise sur la Toile. Par le truchement d'une myriade de sites web, des centaines de parents traquent sans relâche les activités des pédophiles en ligne.

Un de ces sites, JackMcClellan.com, a été créé par Ron Tebo, webmestre professionnel lui-même victime d'agression sexuelle pendant son enfance.

Son contenu cible exclusivement le pédophile américain Jack McClellan, qui défraye la chronique aux États-Unis depuis qu'il a lancé un blogue affichant des photos non sexuelles de jeunes filles prises au hasard dans les rues de Seattle. Des parents qui collaborent à JackMclellan.com traquent le pédophile partout où il va, et décrivent le détail de ses déplacements sur le site.

«Je n'ai aucun problème avec le fait qu'un pédophile comme Jack McClellan puisse avoir son propre site web où il décrit ses fantasme sexuels, affirme M. Tebo, joint au téléphone. C'est le prix que j'accepte de payer pour conserver le principe de liberté d'opinion qui est garanti par la Constitution américaine. Ma réponse est d'attaquer Jack McClellan en me servant de cette même liberté d'opinion.»

Le webmestre affirme recevoir «plus de 40 000 visiteurs par jour».

«Mon but est de voler un maximum de trafic à Jack. Maintenant, lorsqu'on tape son nom dans Google, c'est vers mon site que les gens sont dirigés.»

Le site de M. Tebo entretient des liens étroits avec www.peachheadfamilies.com, un site californien d'information pour les parents, ainsi qu'avec MothersAgainstPredators.org (les mères contre les prédateurs), qui fait du lobbying auprès de politiciens pour rendre les lois contre la pédophilie encore plus sévères.

L'organisme américain Perverted Justice a aussi récemment créé un site directement inspiré de la formule collaborative de Wikipedia. Sur Wikisposure, chaque citoyen peut collaborer en ajoutant des définitions au sujet de pédophiles connus ou d'organisations apparentées à la pédophilie.

Wikisposure est une réponse directe au site pédophile BoyWiki, également construit sur le modèle Wikipedia par la coalition Free Spirits. Cette dernière récolte des fonds de Montréal pour maintenir plusieurs sites pédophiles faisant la promotion du «boy loving».

Selon le cirminologue Pierre Tremblay, de l'Université de Montréal, qui a étudié le fonctionnement de groupes d'entraide pour pédophiles, les personnes qui font la promotion de la culture «boy lover» se servent beaucoup du discours de tolérance prôné par la communauté homosexuelle pour justifier leur existence.

«Les hébéphiles (les hommes qui ont une attirance sexuelle pour les adolescents) et les pédophiles forment deux cliques différentes, qui sont en quelque sorte des alliés de circonstance pour défendre l'idée que leur attirance pour les mineurs n'est pas une maladie», explique-t-il.

Un discours qui dérange Monique Tardif, professeure au département de sexologie de l'UQAM.

«Les pédophiles qui se cachent derrière l'expression boy lover essaient de jouer sur la frontière en affirmant que c'est la société qui est trop puritaine. Le problème, c'est que leur discours ne tient aucunement compte des effets négatifs qu'ont leurs comportement sexuels sur les enfants. En essayant de rationaliser, ils sous-estiment constamment ce qu'éprouvent leurs victimes.»