Les filtres automatiques et la vigilance des adultes ne font pas totalement disparaître les dangers d'Internet pour les enfants: le dernier pare-feu reste l'enfant lui-même s'il a été bien préparé à l'outil, estiment des experts.

Les filtres automatiques et la vigilance des adultes ne font pas totalement disparaître les dangers d'Internet pour les enfants: le dernier pare-feu reste l'enfant lui-même s'il a été bien préparé à l'outil, estiment des experts.

Selon la délégation aux usages de l'Internet (DUI, sous tutelle du ministère de l'Education), 81% des 8-10 ans surfent seuls sur Internet. Deux millions d'enfants ont un accès Internet dans leur chambre et presque un tiers des 9-19 ans qui utilisent Internet plus d'une fois par mois ont déjà reçu des images et des messages pronographiques non recherchés.

«Aujourd'hui, tous les fournisseurs d'accès Internet proposent un contrôle parental gratuit», rappelle Pierre Pérez, secrétaire général de la DUI, lors d'un débat jeudi à l'occasion de la «semaine de l'Internet sans crainte».

«Mais aucun logiciel de filtrage ne fonctionne à 100% ...», fait valoir Déborah Elalouf, fondatrice de Tralalere, la société réalisatrice de contenus éducatifs. Pour l'anecdote, une grand-mère voulant chercher sur le net avec sa petite fille la recette de la confiture aux abricots a été bien surprise des résultats très érotiques obtenus après avoir tapé le nom du fruit !

«Ce n'est pas aux machines d'éduquer les enfants», insiste Thierry Daveau, instituteur et webmestre du site pédagogique et interactif takatrouver.net.

Et cette démarche peut débuter tôt, sachant que les enfants acquièrent entre 6 et 12 ans leur autonomie technique, selon les experts.

L'une des réponses a été de mettre en scène une drôle de fratrie - Vinz, 12 ans et sa soeur Lou, 6 ans - au centre d'une série de quinze dessins animés courts destinés à sensibiliser les enfants de cette tranche d'âge à un usage averti d'Internet.

Les animations abordent des thèmes variés comme le téléchargement pirate, la divulgation de «secrets» touchant à la vie privée sur un blog, la fiabilité variable des informations glanées pour faire un exposé à l'école, le visionnage intempestif d'images pornographiques ou choquantes. La «morale» de chaque histoire est «simple sans être caricaturée», affirme Déborah Elalouf, productrice des dessins animés.

«Le ton décalé de la série permet aux 6-12 ans de s'identifier aux archétypes de jeunes internautes que sont Vinz le pré-ado qui ne se pose pas toujours assez de questions et Lou, la petite fille qui commence à surfer en même temps qu'à lire et qui énerve son frère ... en posant les bonnes questions», ajoute Mme Elalouf.

Ces contenus, élaborés en collaboration avec le ministère de l'Education nationale et de l'Ecole normale supérieure sont disponibles pour le grand public (www.Internetsanscrainte.fr) et pour les écoles et collèges (www.educnet.education.fr).

Cette vigilance inculquée aux enfants devient d'autant plus importante, souligne le Dr Claude Allard, que «les téléphones portables sont devenus des appareils multimédias d'où les enfants peuvent, grâce aux bornes wifi de plus en plus nombreuses, télécharger ou consulter Internet» hors de vue de tout adulte.

«Pour éviter toute dérive pathologique, cela passe par une régulation signalétique commune à tous les supports» (sites Internet, émissions de télé, jeux vidéo) permettant d'identifier la nature des contenus et le public visé,» une éducation à l'image des enfants... et des parents», suggère le pédo-psychiatre.