À un mois de l'élection présidentielle, la campagne bat son plein sur la toile, désormais fortement investie par les candidats, les internautes venant y pêcher des informations politiques, visionner des vidéos, donner leur avis et parfois polémiquer.

À un mois de l'élection présidentielle, la campagne bat son plein sur la toile, désormais fortement investie par les candidats, les internautes venant y pêcher des informations politiques, visionner des vidéos, donner leur avis et parfois polémiquer.

Les différents candidats se livrent à «une bataille de territoire sur le Net pour gagner en visibilité», déclare Guilhem Fouetillou, cofondateur de la société RTGI, qui a mis au point un observatoire de la présidentielle.

RTGI a dressé une cartographie des sites actifs militants ou comportant des analyses et des commentaires traitant de l'élection présidentielle. Baptisée «Blogopole», elle est en cours de réactualisation.

«En octobre, nous avions recensé 1200 sites et actuellement, nous en sommes à plus de 2000», indique l'universitaire. «Il y a eu une explosion du nombre de sites et ils sont beaucoup plus actifs», poursuit M. Fouetillou.

Selon sa méthodologie, RTGI recense notamment 559 sites autour du PS, 288 pour l'UDF, 279 pour l'UMP et 22 pour le Front national.

«Le PS domine la cartographie en nombre de sites. L'UDF reste légèrement supérieure à l'UMP sur ce point mais cette dernière comble son retard», souligne M. Fouetillou. À noter que les partis tiennent eux-mêmes une comptabilité -moins restrictive que celle de RTGI- des sites proches de leur candidat.

Les vidéos font un tabac, soulignent les différents états-majors. Eric Walter, responsable internet à l'UMP, souligne le «succès» remporté par les vidéos diffusées sur NS TV -la télévision sur le net de Nicolas Sarkozy- depuis son lancement à la mi-janvier. «Il y a une demande très forte pour ce type de contenus», déclare-t-il à l'AFP.

Désirs d'Avenir, qui vient de faire un point écrit sur la net-campagne de Ségolène Royal, relève de son côté le «visionnage exceptionnel de certaines vidéos», par exemple la visite de la candidate à Clichy-sous-Bois ou son discours programme de Villepinte.

«Toutes ces vidéos sont davantage consultées sur les plates-formes d'hébergement gratuit (Dailymotion etc.), le réseau de blogues (...) que sur le site de campagne», souligne Désirs d'Avenir.

À l'approche de l'échéance, «le ton se durcit» entre internautes, estime Carlo Revelli, cofondateur du site Agoravox, qui met en ligne des contributions de citoyens divers. «Actuellement nous sommes obligés de refuser un nombre croissant d'articles qui font de la propagande», déclare-t-il.

Agoravox se targue d'avoir décelé dès septembre l'intérêt pour la candidature de François Bayrou. «Certains internautes en avaient assez du discours bipolaire autour de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. François Bayrou, en critiquant la télévision, leur est apparu comme un candidat anti-système», affirme Carlo Revelli.

Quitterie Delmas, responsable de la Blogosphère de François Bayrou, déclare à l'AFP que plusieurs blogueurs ont fait récemment leur coming-out en faveur du candidat de l'UDF.

«Mais en même temps, depuis quelque temps, ça cogne plus fort sur François Bayrou qu'auparavant», relève-t-elle. Elle y voit l'effet de la stratégie des états-majors politiques rivaux.

«Internet n'est pas le médium roi de la campagne, cela reste la télévision», relativise Thierry Vedel, chercheur au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences-Po). «Internet a sûrement une influence mais peut-être pas aussi massive que ne le pensent certains internautes», en tout cas pour cette présidentielle, ajoute ce blogueur.