Tentant de séduire l'électorat branché, les principaux partis politiques québécois se livrent une âpre bataille sur Internet, n'hésitant pas à payer Google pour s'approprier des «mots clés» et multipliant la diffusion de vidéos sur YouTube.

Tentant de séduire l'électorat branché, les principaux partis politiques québécois se livrent une âpre bataille sur Internet, n'hésitant pas à payer Google pour s'approprier des «mots clés» et multipliant la diffusion de vidéos sur YouTube.

Le Parti libéral du Québec de Jean Charest a sorti l'artillerie lourde pour remporter cette guerre en vue des élections législatives du 26 mars prochain.

La formation a acheté à Google les noms de centaines de candidats des partis concurrents. En écrivant dans le populaire moteur de recherche le mot «André Boisclair», chef des indépendantistes du Parti québécois (PQ), un message soulignant le «manque de jugement» du chef du PQ apparaît à l'écran, et l'internaute est redirigé vers le site du Parti libéral.

Les libéraux paient ensuite un montant à Google à chaque fois qu'un internaute clique sur ces messages jusqu'à épuisement du budget rattaché à cette stratégie de marketing Internet.

Chaque parti politique au Québec tente de se positionner sur le web, une tâche qui n'est pas sans heurts. Une publicité du Parti québécois s'est retrouvée malencontreusement jeudi sur le site de la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, rapportait la firme de «référencement» sur Internet Affluence.

Les partis tentent aussi de séduire les blogueurs. Le Parti québécois a par exemple mis en ligne au début de la campagne un guide pour «devenir militant web!», exhortant ses sympathisants à «prendre la parole sur les forums et les blogues».

«Le fait que les partis structurent des militants qui vont intervenir dans les blogues, les débats, les forums, va avoir un impact plus important que les mots-clés achetés à Google», pense Philippe Le Roux, président de la firme de conseil Internet VDL2.

«Les internautes en général, les jeunes en particulier, perçoivent avec un très grand scepticisme les discours officiels», d'où l'intérêt de créer ces discours qui ont un «semblant» de vrai, explique-t-il à l'AFP.

Lors d'un débat télévisé des chefs des principales formations, libéraux et «péquistes» ont mis en ligne sur YouTube de courts extraits vidéos où des ténors des deux formations commentaient en temps presque réel la joute oratoire. But de l'opération: alimenter la blogosphère avec des réactions au débat en faveur d'un parti.

L'arrivée de sites d'échange de fichier vidéo comme YouTube a amené le Directeur général des élections du Québec (DGE) à revisiter la loi sur le financement des partis politiques, promulguée il y a 30 ans.

Cette loi plafonne les dépenses des formations politiques et les pousse à préciser l'attribution de leurs deniers.

Le Directeur général des élections ne considère pas le blogue comme une dépense électorale, mais estime qu'un «message diffusé sur Internet qui impliquerait de la conception, de la production et qui se rapprocherait d'une publicité, pourrait être considéré comme une dépense électorale, s'il favorise ou défavorise» un parti lors de la campagne électorale.

Un cas d'espèce s'est produit récemment lorsque deux internautes baptisés «Les alarmistes» ont mis en ligne sur YouTube des sketchs humoristiques critiquant explicitement un parti. Suite à une plainte, le Directeur des élections a demandé aux internautes de retirer cette vidéo du web, bien que les deux blogueurs ne se revendiquent eux-mêmes d'aucun parti.

«Nous ne créerons pas de police du web. On fonctionne par plainte. Or, ce que nous constatons c'est que personne ou à peu près personne ne se plaint. Dès lors, c'est la liberté d'expression qui fleurit», indique à l'AFP le porte-parole du Directeur général des élections, Denis Dion.