Sur les 400 étudiants inscrits au cours de Daniel Pascot le jeudi soir à l'Université Laval, à peine 60 se présentent en classe. Quatre-vingts les grosses semaines.

Sur les 400 étudiants inscrits au cours de Daniel Pascot le jeudi soir à l'Université Laval, à peine 60 se présentent en classe. Quatre-vingts les grosses semaines.

Loin de s'indigner, le directeur du département de systèmes d'information organisationnel y voit un succès personnel. En effet, la vaste majorité de sa classe reçoit ses enseignements grâce à leur baladeur, un phénomène grandissant à Québec.

Précurseur de la baladodiffusion éducative à Québec, M. Pascot diffuse depuis près de deux ans ses cours dans Internet. Bien confortablement assis dans leur appartement ou encore coincés dans l'autobus, ses étudiants téléchargent en grand nombre les enregistrements des cours qu'il dispense chaque semaine.

L'Université Laval expérimente depuis l'automne la baladodiffusion d'une vingtaine de cours, un virage technologique que veut prendre avec prudence l'institution. «Certaines universités américaines donnent un iPod à tous leurs étudiants, mais après consultation, ils ont découvert que les jeunes les utilisaient surtout pour écouter de la musique. C'est un beau coup de marketing, mais est-ce vraiment utile ?» s'interroge Jean-François Forgues, responsable des technologies et du soutien pédagogique à la faculté des sciences de l'administration.

L'expérience lancée cette année à Laval montre en effet que la majorité des utilisateurs préfèrent écouter leurs cours depuis un poste de travail plutôt que sur un baladeur. La bibliothèque offre probablement un environnement plus propice à l'étude que l'autobus.

Technologie accessible

Le virage technologique pose toutefois des questions importantes. Certains craignent le phénomène du canal Savoir qui rediffuse depuis de nombreuses années les mêmes cours universitaires. «Notre vision actuelle est de produire du jetable. Les enregistrements seront effacés après une session parce que les cours évoluent», assure M. Forgues.

Autre problème, l'absentéisme pourrait rapidement croître. Un avantage croient Jean-François Forgues et Daniel Pascot. N'ayant plus à assister physiquement à leurs cours, seuls les étudiants les plus motivés participeront. Et les cours seront ainsi plus dynamiques et plus intéressants à écouter.

Afin d'éviter qu'un étudiant procrastine toute la session pour finalement écouter la totalité de ses cours à la veille des examens, Daniel Pascot a multiplié les travaux à remettre hebdomadairement. Ainsi, une écoute régulière est nécessaire afin de ne pas manquer une date de remise.

Partisan de la libre circulation de l'information, le professeur refuse de limiter la diffusion de ses cours à ses étudiants. Son premier cours en ligne a été téléchargé par plus d'un millier d'internautes... même s'il comptait à peine 30 personnes inscrites. Ses fidèles auditeurs provenaient d'un peu partout autour du globe, de Suisse, d'Italie et même de Tunisie. L'Université Laval ne risque-t-elle pas de perdre des inscriptions ? «Non, répond M. Pascot. Les gens sont libres de suivre mon cours. Mais s'ils veulent le diplôme, ils devront s'inscrire.»

Pour assister au cours de M. Pascot: https://loli.fsa.ulaval.ca/