Certains informaticiens ont trouvé un moyen lucratif d'arrondir leur fin de mois en créant, sur Internet, des sites pour des prostituées, pas toujours conscients qu'ils deviennent ainsi des proxénètes traqués par les policiers et gendarmes spécialistes de la cybercriminalité.

Certains informaticiens ont trouvé un moyen lucratif d'arrondir leur fin de mois en créant, sur Internet, des sites pour des prostituées, pas toujours conscients qu'ils deviennent ainsi des proxénètes traqués par les policiers et gendarmes spécialistes de la cybercriminalité.

Créer un site sur Internet pour des prostituées va au-delà du petit boulot exécuté au noir par quelques férus d'informatique cherchant quelques subsides pour boucler des fins de mois difficiles.

Ils deviennent, au regard de la loi, des proxénètes, un délit aggravé par le fait qu'ils utilisent un réseau de télécommunication ce qui peut leur valoir jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende.

C'est ce que risque l'un d'eux, âgé de 27 ans, qui sera jugé jeudi par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour avoir réalisé, entre 2005 et 2006, des sites Internet pour sept prostituées.

En juin dernier les puissants ordinateurs de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avaient détecté la présence des sites de sept prostituées, lors d'une surveillance classique d'un moteur de recherche.

Aussitôt l'IRCGN en avait informé le procureur de la République de Bobigny (Seine-Saint-Denis) qui avait confié l'enquête à la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) de la police judiciaire parisienne.

Lors de l'enquête les policiers identifieront le concepteur des sites qui sera interpellé.

«C'est vraiment une cyberdélinquance qui se développe, en même temps que se développe Internet et que certaines prostituées s'y réfugient», confie un enquêteur.

Les méthodes d'approche des prostituées sont toutefois différentes. Si dans le cas jugé à Bobigny c'est le bouche à oreille qui semble avoir fonctionné, ce sont souvent les informaticiens, ou certains webmestres, qui contactent directement les prostituées qui ont déjà un site Internet en se faisant passer pour un client.

Ils leur proposent d'améliorer leur site pour le rendre «plus accueillant et plus convivial», selon le policier. Ils négocient ensuite leur travail contre de l'argent ou contre des prestations en nature auprès de la prostituée.

Lors d'une enquête récente à Paris il a été établi qu'un homme, qui avait réalisé une quinzaine de sites, avait touché entre 200 et 300 euros par mois et par site.

Sur n'importe quel moteur de recherche il est aisé de trouver l'un de ces sites Internet où en quelques clics de souris le doute est levé sur les services proposés.

Certains, outre un numéro de téléphone portable pour la prise de rendez-vous et un courriel, détaillent le tarif des prestations et leur durée ainsi qu'une liste de réponses à des questions sur ce qu'il est possible de faire ou pas.

Au-delà des saisines judiciaires, les hommes de la BRP agissent aussi en navigant sur Internet et ne se limitent pas à débusquer les informaticiens qui ont créé les sites de prostitution: ils recherchent aussi, activement, «qui est derrière», selon un enquêteur, c'est-à-dire celui qui gère le système, «le (vrai) proxénète qui organise la prise de rendez-vous des filles et qui encaisse».