Les professionnels de l'édition sont plutôt confiants dans l'avenir du livre, qui résiste mieux que d'autres produits culturels à l'arrivée du numérique, mais se préparent à un bouleversement technologique et économique du secteur dans les années qui viennent.

Les professionnels de l'édition sont plutôt confiants dans l'avenir du livre, qui résiste mieux que d'autres produits culturels à l'arrivée du numérique, mais se préparent à un bouleversement technologique et économique du secteur dans les années qui viennent.

Deux cents d'entre eux - auteurs, éditeurs, élus, bibliothécaires... - ont participé depuis septembre 2006 à une série de rencontres dans le cadre d'une grande consultation sur l'avenir du livre, baptisée «Livre 2010», organisée par le ministère de la culture et de la communication.

«L'entrée dans l'ère numérique soulève espoirs et désillusions», a souligné le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, lors d'un colloque jeudi à Paris autour des thèmes dégagés par l'opération.

Il a souhaité que l'Etat accompagne les acteurs du livre dans cette «Grande Transformation» et annoncé une série de mesures, fiscales, d'aide à la qualité ou d'aménagement du territoire, en leur faveur.

«Livre 2010» a montré que si la plupart des professionnels sont convaincus que le support numérique supplantera bientôt le livre pour la «lecture besoin» (recherche, documentation...), le livre papier résistera pour la «lecture choisie» (loisirs, confort...).

«L'écrit est-il menacé ?», s'est interrogé le PDG de la FNAC, Denis Olivennes, lors du colloque : «Je ne crois pas, c'est même l'inverse qui se produit. On n'a jamais autant écrit, jamais autant lu, que depuis l'apparition d'internet. Si avant internet on pouvait dire que l'écrit était menacé, par l'audiovisuel, on ne peut plus le dire avec internet».

«Pour l'instant, il n'y a pas de dématérialisation du livre, contrairement à ce qui se passe pour la musique», a-t-il noté.

Patrick Bazin, directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon, a également évoqué «une résistance forte du livre face à l'écran». «Nos fondamentaux, intellectuels, mentaux, résistent à une évolution que le numérique veut nous faire emprunter», a-t-il souligné.

Plusieurs intervenants se sont en revanche inquiétés de la désaffection des adolescents pour la lecture. «Les adolescents désertent en masse les bibliothèques, l'emprunt des livres et la lecture sur place. En revanche, ils se précipitent si on ouvre un espace multimédia», a souligné Patrick Bazin.

Une «rupture» pointée également par l'historien Pierre Nora : «Pour les jeunes générations, le livre est l'imposition d'une autorité pyramidale avec laquelle ils sont en rupture complète», a-t-il souligné.

Inquiétude également des libraires, confrontés à l'augmentation de la vente des livres en ligne, à l'accroissement vertigineux de la production ou à l'explosion des baux commerciaux en centre ville. M. Donnedieu de Vabres a d'ailleurs préconisé une action forte de l'Etat pour soutenir les librairies indépendantes, face aux mutations technologiques.

Les éditeurs s'attendent eux mêmes à une évolution profonde de leur métier avec la généralisation du numérique.

«Internet peut être une opportunité pour les maisons d'édition, de créer des sites, de mettre des ouvrages en avant, et en même temps il peut y avoir une concurrence qui peut être tout à fait négative», a ainsi estimé Antoine Gallimard, PDG des éditions Gallimard.

«Livre 2010» fera l'objet d'un rapport final de la Direction du livre, qui doit être remis fin avril au gouvernement.