C'est une pratique en plein essor sur Internet: des sociétés utilisent le «domain tasting», qui consiste à essayer des noms de domaine avant de les acheter, pour gagner de l'argent sans bourse délier. Une dérive qui contribue à une pénurie de noms pour les adresses Web.

C'est une pratique en plein essor sur Internet: des sociétés utilisent le «domain tasting», qui consiste à essayer des noms de domaine avant de les acheter, pour gagner de l'argent sans bourse délier. Une dérive qui contribue à une pénurie de noms pour les adresses Web.

Certains profitent de la période de grâce de cinq jours, qui permet de tester un nom de domaine avant de l'acheter, pour en essayer des millions: ils gardent ceux, peu nombreux, qui génèrent le plus de revenus publicitaires, et renoncent aux autres.

La période de grâce avait été créée à l'origine pour pouvoir corriger des erreurs légitimes, par exemple des coquilles dans les noms. Mais avec le marché bourgeonnant de la publicité en ligne, des sociétés exploitent cette tolérance pour gagner de l'argent. Selon les experts, les spammeurs et des escrocs commencent également à utiliser le procédé pour se procurer gratuitement des adresses Internet «jetables».

Le «domain tasting» a connu un essor rapide. En moyenne 1,2 million de noms par jour étaient «testés» en décembre, contre seulement 7200 deux ans plus tôt, selon la société Name Intelligence. Jusqu'à six millions de noms sont bloqués en permanence à cause de cette pratique. Les particuliers et entreprises ont ainsi plus de mal à trouver des noms à leur convenance, notamment dans la catégorie déjà surpeuplée des ».com».

«Le système ne fonctionne pas à l'avantage des personnes qui ont des raisons légitimes de vouloir des noms», souligne Frederick Felman, directeur du marketing à MarkMonitor, une entreprise de protection des marques. «Cela permet aux personnes aux intentions criminelles ou spéculatives de dominer.»

Les cybersquatteurs existent depuis plus d'une décennie. De nombreux entrepreneurs ont gagné des milliers, voire des millions de dollars, en revendant des noms achetés à un prix modique. Avec le «tasting», les profiteurs ne jettent pas en général leur dévolu sur des noms pour les revendre mais pour générer du trafic en ligne et toucher ainsi des revenus publicitaires.

Wang Lee Domains, une entreprise impliquée dans le tasting, souligne que la pratique est «parfaitement légale» et apporte «des clients aux entreprises qui font de la publicité». Reste que le système peut également être détourné dans un but lucratif. Les «profiteurs» écrivent des logiciels pour enregistrer automatiquement des centaines ou des milliers de noms. Certains sont des variantes de marques ou de mots-clés génériques que les internautes sont susceptibles d'écrire par erreur, en commettant une faute de frappe. D'autres sont des noms que leurs propriétaires initiaux n'ont pas renouvelés.

Les adresses susceptibles de rapporter, grâce à la publicité en ligne, plus que le coût annuel de 6 dollars (par nom de domaine enregistré, sont conservées. Les autres sont écartées au quatrième ou cinquième jour.

La chaîne de magasins Neiman Marcus a porté plainte l'an dernier contre la société d'enregistrement Dotster qu'elle accusait de tester des centaines de noms pour attirer les internautes qui écorchent l'orthographe d'adresses Web. A un moment donné, selon la plainte, le nom incorrect NeimuMarcus.com faisait apparaître des publicités pour des concurrents.