Vous n'avez qu'à cliquer https://oscartorrents.com. Sur la page d'accueil de ce site pirate, on vous suggère un autre angle de vision à quelques jours de l'incontournable 79e soirée des Oscars.

Vous n'avez qu'à cliquer https://oscartorrents.com. Sur la page d'accueil de ce site pirate, on vous suggère un autre angle de vision à quelques jours de l'incontournable 79e soirée des Oscars.

«Les OscarTorrents, y explique-t-on, sont les Oscars comme ils devraient l'être. N'importe qui peut télécharger les films mis en nomination en utilisant le logiciel BitTorrent, n'importe qui peut visionner ces films et utiliser ensuite notre modèle d'évaluation afin d'arrêter son choix. Pourquoi se limiter au verdict d'une poignée de jurés achetés alors que le monde entier pourrait avoir son mot à dire?»

Bien sûr, ça sent la provocation à plein nez. Mais ça ne sent pas si mauvais! Surtout dans le contexte de panique du côté de l'establishment hollywoodien qui espère encore pouvoir stopper ce que l'industrie de la musique admet presque ne plus être capable d'endiguer: la libre circulation des contenus audiovisuels sur Internet. L'incapacité provisoire de Hollywood à voir les choses de cette façon et d'ainsi proposer un modèle d'affaires adapté à Internet se heurte cette fois à Oscar le pirate!

Sur le site OscarTorrents, qui n'a pu être éradiqué par les grands studios de cinéma avant la grand-messe de dimanche prochain, on indique la marche à suivre pour télécharger gratuitement les productions mises en nomination. On vous tient presque la main en vous expliquant que vous n'avez besoin que de trois choses: une connexion Internet, un ordinateur personnel et un logiciel BitTorrent, célèbre pour son efficacité à télécharger des fichiers lourds - des films en l'occurrence.

On vous propose des connexions de téléchargement du fameux logiciel, notamment le site https://azureus.sourceforge.net. À l'aide d'un guide d'utilisation, vous pouvez alors cliquer sur chaque hyperlien concernant les mises en nomination. Lors de la soirée des Oscars, on vous transmettra les résultats du vote des internautes en les y accolant aux résultats officiels.

«Bien sûr, c'est la façon dont cela devrait se produire puisque la distribution des films est pratiquement devenue gratuite. Hollywood a beau ne pas apprécier, certaines personnes doivent souvent être poussées vers l'avenir en criant et en se débattant».

Dans le même élan, les promoteurs des OscarTorrents ne manquent pas de s'adresser aux «seigneurs de la propriété intellectuelle»: «Nous savons que nous pouvons vous importuner. Mais retenez votre indignation vertueuse pour un moment: nous ne faisons que relier au format BitTorrent ce qui existe d'ores et déjà. Faites face à la réalité! Votre membrane est crevée et votre précieux liquide s'en échappe. Vous ne nous avez pas vaincus, alors pourquoi ne pas vous joindre à nous? Réfléchissez!»

«À ceux qui s'inquiètent d'éventuelles poursuites judiciaires, renchérit-on, nous leurs disons que leurs chances de se faire prendre sont inférieures à celles de gagner à la loterie.»

Tiens toi! Ils sont baveux, ces jeunes desperados qui font avec le cinéma ce que les Napster, KazAa, eDonkey et autres LimeWire ont fait avec la musique au cours des dernières années. Bien sûr, ces pirates font l'objet de poursuites, on tente de les étiqueter comme criminels puisque l'avenir du modèle d'affaires des blockbusters en dépend: Hollywood affirme que l'industrie du cinéma essuie des pertes colossales à cause du piratage - 7 milliards US en 2005, imaginez en 2006 et cette année.

Sous la pression américaine, les autorités suédoises ont fait des pieds et des mains pour liquider le site suédois https://thepiratebay.org, initiateur des OscarTorrents, et qui échappe toujours aux autorités. Fermé en mai dernier, le site de téléchargement fondé par Gottfrid Svartholm, 22 ans, et Fredrik Neij, 28 ans, a été redéployé depuis lors en usant de brillants stratagèmes - leur histoire fait d'ailleurs l'objet d'un article de fond dans le magazine Vanity Fair, rien de moins.

Après s'être taillé une solide réputation de rebelles virtuels, les créateurs de The Pirate Bay viennent ainsi de réaliser un autre coup de marketing viral avec ces OscarTorrents. Le site de téléchargement est loin d'être le seul à résister aux pressions des blockbusters.

Un autre exemple récent? IsoHunt, un site important de téléchargement illégal des fichiers BitTorrent ( https://isohunt.com, a été fermé à la suite d'actions entreprises par la très puissante Motion Picture Association of America (MPAA) qui défend les intérêts des grands studios hollywoodiens. Le lobby américain espérait que la fermeture de ce site découragerait nombre d'internautes qui distribuent et téléchargent du matériel protégé par les droits d'auteur. Or, IsoHunt vient de renaître de ses cendres.

Jugée obsolète, voire ridicule, par ces aventuriers de l'Internet, la contrainte légale ne fait que les stimuler. Les fondateurs de The Pirate Bay n'ont-ils pas souhaité acquérir Sealand, une plateforme militaire plantée en mer du Nord (à 11 kilomètres des côtes anglaises) afin d'y installer leurs propres serveurs d'hébergement de fichiers numérisés et ainsi échapper aux lois sur le droit d'auteur? Oscar le pirate aurait été content.