Dans l'espoir de mettre la main au collet des parents qui disparaissent sans verser les pensions alimentaires imposées par la Cour, l'Ontario a décidé de prendre des grands moyens. La photo des mauvais payeurs se retrouve maintenant sur Internet.

Dans l'espoir de mettre la main au collet des parents qui disparaissent sans verser les pensions alimentaires imposées par la Cour, l'Ontario a décidé de prendre des grands moyens. La photo des mauvais payeurs se retrouve maintenant sur Internet.

Hier, le gouvernement provincial a mis en ligne la photo de 18 hommes sur le site lesbonsparentspayent.com. Une petite fiche donne aussi le nom, l'âge, la taille et le poids de l'individu recherché, ainsi que son emploi habituel, sa dernière adresse et tous les signes particuliers qui peuvent permettre de l'identifier.

Les internautes sont encouragés à fournir au gouvernement ontarien les informations nécessaires pour retracer ces fugitifs de la pension alimentaire.

«Les enfants ne devraient pas être ceux qui souffrent parce que l'un des parents refuse de faire face à ses responsabilités financières, a déclaré hier matin la ministre des Services sociaux et communautaires de l'Ontario, Madeleine Meilleur. Les bons parents payent les pensions alimentaires. Pour ceux et celles qui ne payent pas, nous voulons mettre les choses au clair : nous vous retrouverons.»

L'Ontario n'est pas la première province canadienne à utiliser Internet à cette fin. Le ministère de la Justice de l'Alberta a mis sur pied un programme identique en 2001. En six ans, les autorités albertaines ont pu récupérer 640 000 $ grâce à cette initiative.

L'Ontario espère des résultats aussi probants. Dans la province la plus populeuse du Canada, sur quelque 187 000 parents tenus de verser une pension alimentaire, seulement 33 % le font assidûment; 33 % le font à l'occasion et 33 % le font très peu. Le bureau des obligations familiales se met aux trousses de ces derniers et peut exercer des pressions en empêchant notamment les mauvais payeurs de renouveler leur passeport ou leur permis de conduire.

Hier, l'attaché de presse de la ministre Meilleur, Marc Despatie notait que ce n'est qu'en dernier recours que l'Ontario veut faire appel au Web. L'individu recherché doit ne pas avoir versé de pension depuis six mois. De plus, le parent lésé doit autoriser la publication de la photo de son ex-partenaire sur le Web.

Pour le moment, le Québec ne dispose pas d'un site Internet similaire. Seule la Sûreté du Québec, à l'instar du FBI, utilise Internet pour publier la photo de criminels dangereux en cavale.

Selon la directrice générale de la Fédération des associations des familles monoparentales et recomposées du Québec, l'approche ontarienne soulève peu d'intérêt dans la Belle Province. «Je ne suis pas certaine que ça serait très efficace ici. De plus, ça soulève des interrogations sur la protection de la vie privée», a commenté hier Sylvie Lévesque.

En matière de perception des pensions alimentaires, le Québec a une bonne longueur d'avance sur les autres provinces du Canada. Une étude de Statistique Canada, rendue publique la semaine dernière, démontre que 78 % des pensions alimentaires sont versées à temps au Québec. Dans les cinq autres provinces étudiées, entre 55 % et 68 % des pensions sont payées de manière régulière.