Le plus vieux journal du monde a enterré sa version papier fin décembre et ses fidèles lecteurs devront désormais se contenter de le lire sur l'Internet.

Le plus vieux journal du monde a enterré sa version papier fin décembre et ses fidèles lecteurs devront désormais se contenter de le lire sur l'Internet.

Fondé en 1645 par la reine Christine, le Post och Inrikes Tidningar (littéralement «Bulletins d'information nationale») était le journal de référence pour les lecteurs suédois à la fin du XVIIe et tout au long du XVIIIe siècle.

Mais son lectorat s'est effrité à mesure que des journaux concurrents ont fait leur apparition, confinant le PoIT dans un rôle de journal institutionnel d'annonces légales au XXe siècle.

Bien que le quotidien ne couvre plus d'informations générales depuis plus de 100 ans, l'association mondiale de la presse considère celui-ci comme le journal le plus ancien encore en publication.

Dans son format électronique, lancé le 1er janvier (www.poit.org), le PoIT reste l'organe de presse officiel du gouvernement suédois, une fonction qui avait été entérinée par une loi dès le XVIIe siècle.

«Le changement représente un nouveau départ, probablement un peu triste pour certains, mais il s'agit aussi d'une tendance naturelle», estime Roland Hägglund le nouveau rédacteur en chef du PoIT.

Selon lui, l'ère du net va donner un second souffle au journal, qui n'était disponible que sur abonnement.

«Cela va incontestablement élargir notre lectorat. N'importe qui sur le net pourra lire le PoIT gratuitement», relève M. Hägglund, seul employé à temps plein du journal, dont la gestion a été transférée en début d'année, au Bolagsverket, l'office d'enregistrement des entreprises.

«Maintenant, tout le monde a une chance d'être informé», dit-il.

«Ce furent la reine Christine et son chancelier Axel Oxenstierna qui lancèrent le journal en 1645», raconte Hans Holm, l'ancien rédacteur en chef.

La levée d'impôts par le gouvernement suédois en raison de sa participation à la guerre de 30 ans (1618-1648) contre ce qui allait devenir l'Allemagne, le Saint Empire germanique, avait plongé la population dans une grande misère.

La reine et son chancelier, conscients du mécontentement grandissant dans le royaume, furent contraints de rendre des comptes à leurs concitoyens, poursuit M. Holm.

A mesure que l'information devenait plus accessible, le PoIT développa sa couverture internationale et nationale. Il ajouta des informations relatives aux maladies, aux épidémies, aux taux de change ou encore aux observations climatiques.

Il publia aussi de la poésie et des nouvelles. En revanche, ni photo ni publicité ne furent publiées dans les colonnes du journal.

«Au XVIIIe siècle, il devint un journal d'informations à part entière», reprend M. Holm.

Le PoIT jouit d'un monopole sur la couverture de l'information nationale et internationale jusqu'à l'émergence de concurrents, à l'instar du quotidien Aftonbladet en 1879, aujourd'hui principal tabloïd du pays.

Au début du XXe siècle, ses lecteurs se tournèrent vers d'autres quotidiens et dans sa version finale, le Post dut se contenter de diffuser des informations financières sur les entreprises ainsi que des annonces légales et institutionnelles, les engagements de la famille royale.

En 1978, le quotidien fut publié dans un format A4 et le dernier fut tiré à 1.500 exemplaires le 29 décembre.

Les abonnés sont essentiellement des banques, les cours de justice, les avocats, les administrations locales et nationales ou encore les bibliothèques.

C'est le ministère de la justice qui a décidé de son sort. En vue de réduire ses coûts, il a mené une enquête qui a conduit le Parlement à décider de transférer la responsabilité de gestion du journal au Bolagsverket, et de mettre fin à la version papier à partir du 1er janvier 2007.