Catalysée par le rachat encore récent de YouTube par Google (dont l'action vient tout juste de franchir les 500 $US, soit dit en passant), l'expansion spectaculaire que prend actuellement la nouvelle économie suscite autant d'enthousiasme que de doute. «Cela ressemble d'une façon inquiétante à 1998», soulignait cette semaine David Card, de l'institut américain Jupiter Research - cité par l'AFP.

Catalysée par le rachat encore récent de YouTube par Google (dont l'action vient tout juste de franchir les 500 $US, soit dit en passant), l'expansion spectaculaire que prend actuellement la nouvelle économie suscite autant d'enthousiasme que de doute. «Cela ressemble d'une façon inquiétante à 1998», soulignait cette semaine David Card, de l'institut américain Jupiter Research - cité par l'AFP.

Au royaume infini des contenus numérisés, on redoute effectivement une transition trop brutale, marquée par un nombre croissant de litiges concernant la circulation des contenus numérisés à travers plus de 100 millions de sites Internet fréquentés par un milliard d'internautes. Or, depuis le début de l'automne, les batailles se multiplient : Google contre la presse belge et le livre français, MySpace.com contre Universal Music Group, Grouper (Sony Pictures Entertainment) contre Universal Music Group, pour ne nommer que les plus connus.

Voilà un vaste embrouillamini qui ne fait que s'amorcer si vous voulez mon avis.

En Europe, les épisodes se succèdent. Après avoir été poursuivi en justice par les entreprises de presse en Belgique et les plus gros éditeurs de France, Google doit faire face à d'autres mécontents : le moteur de recherche est poursuivi pour contrefaçon et parasitisme commercial par un important producteur de films français, Jean-François Lepetit de Flach Film - Trois hommes et un couffin, etc. Plus précisément, Flach Film remet en question l'utilisation des sites Google vidéo, YouTube Dailymotion, en ce qui a trait au documentaire Le monde selon Bush de William Karel et Éric Laurent. Destiné à la télévision, le film a connu un franc succès lors de sa diffusion sur la chaîne France 2 en juin 2004, sans compter une affluence importante en salles. L'exploitation de sa version DVD est gérée par les éditions Montparnasse que l'entreprise vend aussi en ligne sur sa plateforme. Or, le film a été proposé presque gratuitement sur Google vidéo.

Quelques jours plus tôt aux États-Unis, Universal Music Group (UMG) accusait de violation du droit d'auteur le fameux site d'échange audiovisuel MySpace.com, détenu par la très puissante entreprise de presse News Corp. Après plusieurs mois de négociations avec MySpace, Universal Music a choisi de porter plainte en justice, accusant MySpace, d'être devenu un «vaste entrepôt virtuel pour des copies piratées de musique et de clips vidéo».

Le groupe exige 150 000 $ US de dommages pour chaque contenu offert sur le site sans l'autorisation d'Universal Music. «Nos musiques et vidéos jouent un rôle-clé dans la création des communautés qui ont généré des centaines de millions de dollars pour les propriétaires de MySpace», a-t-on déclaré chez UMG par voie de communiqué, repris cette semaine par le périodique français Les Échos.

Les négociations auraient été perturbées après que les dirigeants d'Universal Music aient repéré sur MySpace des fuites du prochain album du rappeur Jay-Z. Du côté de MySpace, on estime n'avoir rien à se reprocher et qualifie les poursuites judiciaires d'«inutiles». Et l'on cite pour sa défense le Digital Millenium Copyright Act (DMCA), adopté aux États-Unis en 1998 - rappelons que ce texte exonère de toute responsabilité légale les plateformes de diffusion numérique dont les utilisateurs se rendent coupables de violations du droit d'auteur, à condition toutefois que ces plateformes fassent preuve de bonne volonté en collaborant avec les détenteurs des droits d'auteur.

Universal Music Group a aussi maille avec d'autres sites audiovisuels : Grouper.com et Bolt.com. Grouper est le portail vidéo de Sony Pictures Entertainement dont le parent musical (Sony-BMG) est le concurrent direct d'Universal Music, filiale du groupe franco-européen Vivendi.

À l'instar de MySpace.com, Grouper a nié les infractions au droit d'auteur en invoquant la loi américaine sur la question (le même DMCA). Le portail vidéo de Sony a renchéri en indiquant que Universal Music Group exploitait ce litige pour accélérer la circulation sur une autre plateforme vidéo dans laquelle elle serait impliquée; s'appuyant sur diverses sources, l'agence Reuters indique qu'Universal Music aurait conclu des ententes de partenariat avec YouTube juste avant son rachat par Google.

Toute révolution ne se fait pas sans phases chaotiques, force est de constater une fois de plus. Pas facile, cette adaptation obligée à l'accès plus ou moins illimité aux contenus numérisés. Tous les contenus tels qu'on les connaît depuis au moins un demi-siècle (musique, jeux, cinéma, télévision, journaux, magazines, livres, téléphonie), en sont bouleversés. D'où cette rafale d'accrochages et de bras de fer.