Le français brille par son absence sur les sites Internet de 17 ministres du gouvernement Harper.

Le français brille par son absence sur les sites Internet de 17 ministres du gouvernement Harper.

Le site Internet personnel de 17 ministres du gouvernement Harper est en anglais seulement, et ce, même quand ils représentent Ottawa ou une région manitobaine à forte présence francophone.

Disons que vous avez malencontreusement oublié de quel portefeuille Monte Solberg est responsable. Ou encore Carol Skelton. Ou que vous vous demandez qui est Vic Toews. Premier réflexe pour obtenir des détails biographiques, vous faites appel à Google. Première surprise, en dehors de leur ministère respectif, rien en français.

Pourquoi? «C'est une bonne question», commente Mark Quinlan, attaché de presse de Vic Toews, ministre de la Justice.

Les attachés de presse qui ont rappelé à ce sujet ont signalé que les sites Web en cause - tonyclement.ca, stockwellday.com, etc. - ne doivent pas être confondus avec les sites ministériels, bilingues, et que ces sites portant les noms des ministres-députés s'adressent en fait aux électeurs de chaque circonscription.

Or, Vic Toews, qui est aussi le ministre responsable du Manitoba, dessert une circonscription «qui compte une très forte proportion de francophones», de l'avis même de son attaché de presse, M. Quinlan. Du même souffle, ce dernier a insisté au téléphone sur la grande importance qu'accorde le ministre à cette communauté francophone.

Pourquoi alors le ministre-député ne s'adresse-t-il pas à ses électeurs dans les deux langues? «Le site devrait-il être traduit? demande M. Quinlan à voix haute. Il faudrait sûrement y réfléchir. Mais, chose certaine, il ne faut pas croire que ce site Internet est représentatif des communications faites par le ministre. Tout le reste est fait dans les deux langues.»

John Baird, qui représente Ottawa-Ouest-Nepean, a un site personnel tout aussi unilingue. C'est également le cas pour Peter Mackay, ministre des Affaires étrangères, dont le site petermackay.ca annonce en ouverture: «Acadian culture gets a boost.»

Fait à noter, ces sites de ministres n'offrent pas que du contenu d'intérêt local. Ainsi, stockwellday.com nous incite à «stand up for democracy in Burma».

Et les ministres québécois, eux? Contrairement à la presque totalité des autres ministres, la plupart n'ont pas de site Internet. Celui de Jean-Pierre Blackburn est en français, mais il n'a pas été mis à jour depuis décembre - avant les élections. Ceux de Michael Fortier et de Lawrence Cannon sont en construction. Pour sa part, Josée Verner, ministre de la Francophonie et des Langues officielles, a un site bilingue.

Quant au site de Jim Prentice, ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, on note une ouverture certaine. Son site contient en effet des hyperliens en français... et en chinois.

Ces sites, à mi-chemin entre le site de circonscription et le site ministériel, respectent-ils la loi sur les langues officielles? Un coup de fil au commissaire des langues officielles est instructif à ce sujet: «On est ici dans une zone grise», dit Robin Cantin, responsable des affaires publiques de cet organisme.

En gros, tout dépend si l'on considère qu'il s'agit purement de sites de circonscription ou pas.

Le matériel émanant des ministères doit être dans les deux langues. Par contre, les députés peuvent s'adresser à leurs électeurs dans la langue de leur choix. Le député de Calgary pourrait choisir d'envoyer toute sa documentation en français seulement, et le député d'Alma pourrait choisir de n'utiliser que l'anglais.

Le cabinet conservateur compte 26 ministres. Dix-sept des sites personnels des ministres sont en anglais seulement. Cinq ministres n'ont pas de site personnel. Le site personnel de trois ministres compte au moins une ligne dans les deux langues officielles. Enfin, un ministre a un site internet en français, mais il n'a pas été mis à jour depuis l'élection.