Les maisons d'édition pourraient être les prochaines victimes de la piraterie sur l'Internet après l'industrie de la musique, mais le web pourrait aussi sauver le livre, selon la présidente de la Fédération mondiale des maisons d'éditions, l'Argentine Ana-Maria Cabanellas.

Les maisons d'édition pourraient être les prochaines victimes de la piraterie sur l'Internet après l'industrie de la musique, mais le web pourrait aussi sauver le livre, selon la présidente de la Fédération mondiale des maisons d'éditions, l'Argentine Ana-Maria Cabanellas.

«Tout le monde pense que tout ce qui est sur Internet devrait être gratuit, mais il y a une différence entre avoir un accès gratuit et tout trouver gratuitement. Cela devrait être la décision du possesseur du contenu», affirme-t-elle à l'AFP, en marge de la Foire du livre de Francfort.

Depuis deux ans, le monde de l'édition lutte contre le moteur de recherche Google, qui veut mettre en ligne une bibliothèque mondiale.

Google s'est notamment attiré les foudres des éditeurs avec son projet «Google recherche de livres», qui permet aux internautes d'avoir accès à certaines pages d'oeuvres protégées par les droits d'auteurs, ou de télécharger les livres dont les droits sont tombés dans le domaine public.

Le moteur de recherche s'est associé avec des établissements renommés commme l'université d'Oxford, celles d'Harvard et de Stanford, ou la Bibliothèque publique de New York, qui lui ont ouvert leur catalogue.

Google assure qu'il respecte les droits d'auteurs mais certaines maisons d'édition américaines et européennes ont porté l'affaire en justice, estimant que le projet s'apparente aux sites pirates de téléchargement de musique.

Pour Mme Cabanellas, l'un des problèmes est l'obligation faite aux maisons d'édition de spécifier leur refus de participer au projet, sans quoi leur accord est considéré comme tacite. «Ils ont inversé les règles des affaires», estime-t-elle.

Pour tenter de contrer Google, l'industrie du livre a créé un programme qui souligne les droits de reproduction de chaque oeuvre consultable sur Internet, notamment le prix demandé par la maison d'édition. Ce programme devait être dévoilé vendredi lors de la Foire du livre.

Ce programme, selon Mme Cabanellas, permettra aux maisons d'édition, notamment de petite ou moyenne taille, de bénéficier de l'Internet pour élargir leur audience et de faire baisser les coûts de production.

«Vous trouvez beaucoup de choses sur l'Internet, mais le contenu doit porter la marque de l'éditeur. Si vous travaillez bien, votre marque sera reconnue, comme avec les livres papiers», déclare Mme Cabanelles, qui est également présidente des maisons d'édition argentines Editorial Heliasta et Claridad.

Le grand avantage des éditeurs est leur contrôle de la qualité des oeuvres publiées sur des sujets importants comme la finance ou la santé. Ces «marques de fabrique» pourraient alors devenir des marques de confiance.

Pour Mme Cabanellas, l'Internet est aussi un tremplin mondial pour les nouvelles publications avec un coût de diffusion beaucoup moins élevé.

«Le principe de l'impression à la demande par l'Internet est une très bonne occasion pour les maisons d'édition d'évaluer les chances de succès d'un livre», explique-t-elle.

Avec l'impression à la demande, il n'y a par exemple plus de frais d'expédition puisque les livres sont imprimés localement. «Vous vendez un livre dans le monde entier, sans pour autant l'exporter», dit-elle, prenant l'exemple de la Banque mondiale, qui ne fait imprimer que les exemplaires des rapports ou études qui seront effectivement lus.

Ce procédé permet enfin aux maisons d'édition de conserver intact leur catalogue. Sur la librairie en ligne Amazon, «certains livres sont disponibles en une semaine car la majorité sont imprimés à la demande», explique-t-elle.

Ana-Maria Cabanellas a été réélue jeudi à la tête de la Fédération internationale des maisons d'édition, qui représente 78 fédérations nationales et régionales, ainsi que des maisons spécialisées, dans 66 pays.