Avec les ressources dont elle dispose, la Sûreté du Québec (SQ) fait ce qu'elle peut pour débusquer les auteurs potentiels de tueries dans Internet.

Avec les ressources dont elle dispose, la Sûreté du Québec (SQ) fait ce qu'elle peut pour débusquer les auteurs potentiels de tueries dans Internet.

Pour l'heure, le département de cybersurveillance du corps policier québécois compte sur un effectif de seulement six personnes à temps complet pour détrousser les criminels du Net. «On enquête d'abord sur les crimes», explique Frédérique Gaudreau, l'officier responsable du secteur de la cybersurveillance à la SQ.

Au Canada, bien que le pays compte 61 000 policiers, environ 245 officiers travaillent dans le secteur de la cybercriminalité.

Signe des temps, les conservateurs de Stephen Harper entendent d'ailleurs déposer cet automne un nouveau un projet de loi permettant à la police d'espionner les internautes sans obtenir de mandat.

La SQ reconnaît que le nombre restreint de policiers affectés à ce nouveau créneau du crime rend souvent la tâche difficile devant le flot inimaginable d'informations contenues dans le Web. «On ne peut tout suivre», reconnaît l'officier Gaudreau.

Violence affichée

Dans son journal personnel qu'il tenait dans Internet, l'auteur de la tuerie du Collège Dawson, Kimveer Gill affichait clairement sa passion pour les armes à feu et son penchant pour la violence macabre.

Bien qu'il se disait surveillé par la police, personne ne serait toutefois intervenu pour ramener Gill à l'ordre. La SQ refuse d'ailleurs de dire si elle avait à l'oeil ou non l'auteur de la tuerie de mercredi.

Alors que plusieurs observateurs réclament des ressources policières additionnelles à la cybersurveillance, d'autres se demandent quel en sera le prix à payer.

«Car qui peut bien avoir le temps de lire tous ces journaux personnels dans Internet ?» se questionne le professeur de droit dans Internet Pierre Trudel en ajoutant que les comportements observés par le tueur du Collège Dawson auraient été, de toutes façons «très difficiles à détecter».

Selon ce dernier, il serait utopique de penser qu'en affectant des dizaines et de dizaines de policiers supplémentaires, les auteurs potentiels de tuerie seront arrêtés à temps.

Les crimes en matière de pornographie juvénile et de propagande haineuse devraient alors continuer d'occuper les ressources policières.

«Et puis, il y a un prix démocratique à effectuer de la surveillance soutenue. Sommes-nous prêts à vivre constamment avec des policiers à nos trousses chaque fois que nous allons dans Internet ?»