Derrière les masques angéliques de «Superlulu», 11 ans, et «Starlett», 13 ans, un seul et même prédateur de la toile «cherche nouveaux amis»... vos enfants internautes.

Derrière les masques angéliques de «Superlulu», 11 ans, et «Starlett», 13 ans, un seul et même prédateur de la toile «cherche nouveaux amis»... vos enfants internautes.

«Un pseudo peut cacher n'importe qui - Soyez vigilants sur Internet», avertit le slogan de la campagne «Le Masque», lancée en France par l'association Action Innocence (www.actioninnocence.org) pour sensibiliser parents, enfants et adolescents aux dangers de la navigation sur les sites dédiés aux 10-17 ans.

Jusqu'au 31 août, 6000 emplacements dans les abribus de l'Hexagone accueillent les placards de la campagne, et à Paris, plusieurs espaces publics affichent à partir du 15 août et jusqu'à la fin du mois les portraits de «Superlulu» et «Starlett».

Cet automne, leurs masques s'animeront dans des spots cinématographiques et télévisés, et sur les «bannières» de sites pour enfants et adolescents du web, annonce Véronique Sima-Fromager, responsable de communication de l'association.

Le but de la campagne est d'inciter les parents à dialoguer avec leurs enfants et de proposer des règles de conduite: préférer l'ordinateur familial dans une pièce commune à un écran isolé dans la chambre de l'enfant, avertir ce dernier de ne jamais donner son nom, ses coordonnées, ou de diffuser photo ou vidéo de lui sur la toile et de ne jamais répondre à un rendez-vous fixé par un internaute.

Alain Permingeat, chef d'escadron à la division cyberpédophilie de la Gendarmerie de Rosny-Sous-Bois (région parisienne), préconise aussi une mise à niveau technique des parents pour maîtriser les outils de contrôle et de filtrage.

«Un PC, c'est comme une voiture, on ne le confie pas à un enfant seul» car la navigation à vue peut conduire le jeune internaute à des dérives sur des sites pornographiques ou pédophiles, à la manipulation de son image, voire à des rencontres dangereuses, dit-il.

Une affiche de la campagne lancée par Action Innocence portant le slogan «Un pseudo peut cacher n'importe qui - Soyez vigilants sur Internet», le 11 août 2006 à Nanterre

Car les blogues, vlogues (blogues vidéo), clavardages (chats), forums de discussions et autres messageries instantanées ou postées de la Toile sont autant «d'espaces à risques pour des enfants ou adolescents non avertis», avertit Sylvia Breger, criminologue spécialiste de la cyberpédophilie et porte-parole d'Action Innocence.

Or en 2005, 32% des mineurs internautes français de 9-17 ans se connectaient dans une pièce isolée comme un bureau ou leur chambre, 18% visitaient souvent des sites de chats et de forums de discussions, 22% utilisaient fréquemment les courriers électroniques, et 34% avaient déjà été confrontés à des contenus choquants, selon leurs parents sondés par l'institut IFOP.

Et 72% de ces parents reconnaissaient l'utilité de se procurer un guide d'information sur l'utilisation du net sans l'avoir jamais fait.

«Le cyberprédateur se cache derrière de faux pseudos dans les chats ou forums de discussions et fait tout un travail de manipulation pour isoler sa victime et l'emmener méthodiquement du virtuel au réel», explique Mme Breger.

Masqué sous un «pseudo» dans la chaîne de contacts des copains de copains, il peut facilement faire glisser le dialogue avec l'enfant de l'espace public du chat au mode plus confidentiel de la messagerie privée directe: «Il a ainsi toutes les cartes en main pour exercer des pressions sur sa victime ou la manipuler», explique le commandant Permingeat.

Mais «la cerise sur le gâteau, c'est le blog» et aussi désormais le vlog, poursuit la criminologue, citant la formule d'un cyberpédophile lors d'un interrogatoire.

Ce journal consultable par des milliers d'internautes offre au cyberprédateur une mine d'informations sur le profil et les habitudes de l'enfant ou de l'adolescent. Il lui suffit alors d'un clic sur le blog ou le vlog pour établir le contact.

> Point de contact - Les outils contre la cyberpédophilie

Aussi:

Internet: protégez vos enfants des pédophiles