Le titre du groupe Internet Yahoo! s'est effondré de plus de 21 % hier à Wall Street, après l'annonce d'un retard de plusieurs mois dans le déploiement d'une nouvelle version de sa plateforme de recherche commanditée destinée à mieux rivaliser avec son concurrent Google.

Le titre du groupe Internet Yahoo! s'est effondré de plus de 21 % hier à Wall Street, après l'annonce d'un retard de plusieurs mois dans le déploiement d'une nouvelle version de sa plateforme de recherche commanditée destinée à mieux rivaliser avec son concurrent Google.

L'action de Yahoo! chutait de 21,8 % (7,04 $US), à 25,20 $US- entraînant du coup une perte d'environ 10 milliards US de la valeur boursière de la société, qui s'établit maintenant à 35,5 milliards US comparativement à 121 milliards US pour Google.

L'action de Yahoo! n'avait pas touché de tels niveaux planchers depuis août 2004.

Plusieurs courtiers se sont dits surpris hier par l'annonce d'un déploiement retardé pour la future plateforme de recherche commanditée de Yahoo!, et ont révisé à la baisse leurs prévisions de résultats pour le groupe.

La nouvelle version du moteur de recherche destinée à séduire encore davantage d'annonceurs publicitaires sera déployée au quatrième trimestre au lieu du troisième comme prévu initialement, a indiqué Yahoo! mardi, en marge de l'annonce de ses résultats trimestriels.

Selon la banque Credit Suisse, c'est «la première phase du déploiement qui est reportée du troisième au quatrième trimestre», et l'impact sur les finances du groupe sera ressenti «au plus tôt après le premier trimestre» de 2007.

La filiale de courtage de l'agence de notation Standard and Poor's a abaissé d'«acheter» à «conserver» sa recommandation sur l'action de Yahoo!, tandis que les courtiers de RBC Marchés des capitaux ont réduit à 33 $US, comparativement à 40 $US auparavant, leur objectif de progression du titre.

«Les résultats de Yahoo! se sont avérés globalement conformes (aux attentes du marché) mais nos estimations et notre cible de prix (pour l'action) ont été réduits pour tenir compte de ce report des améliorations attendues dans la monétisation de la recherche», a indiqué Jordan Rohan, de RBC.

Selon M. Rohan, «la direction perd de la crédibilité» avec le retard de ce projet de nouvelle plateforme baptisé «Projet Panama». «C'est Panamaffreux», a plaisanté l'analyste dans une note.

«Les annonceurs affectés par ces changements de Yahoo! destinés à imiter davantage le modèle de Google risquent de tergiverser, de retarder (leur engagement avec le portail) et de se plaindre», a ajouté cet analyste. Il a souligné aussi l'inconvénient pour Yahoo! de dépendre d'une multitude de développeurs de logiciels et d'agences de publicité pour ce déploiement.

En mai, Yahoo! avait annoncé qu'il commencerait à déployer au troisième trimestre une plateforme de recherche commanditée «entièrement redessinée».

L'objectif, avait précisé le groupe, est de permettre aux annonceurs de «lancer plus rapidement leurs campagnes marketing sur Yahoo! et de les aider à obtenir de meilleurs retours sur investissement» en touchant un plus large public.

L'expression de «recherche commanditée» recouvre la pratique commerciale des exploitants de moteurs de recherche (Google, Yahoo!, Microsoft) consistant à faire payer les annonceurs pour que leur marque ou un lien vers leur site apparaisse le plus haut possible au côté des résultats d'une recherche par mot-clé.

Selon des chiffres publiés mardi par la firme de mesure d'audience comScore Networks, Google a encore augmenté en juin sa part du marché américain de la recherche sur Internet, pour le 11e mois consécutif.

Le moteur Google a été sollicité le mois dernier pour 44,7 % des recherches en ligne lancées aux États-Unis comparativement à 36,9 % en juin 2005. Yahoo! est passé en un an de 30,4 % à 28,5 % de parts de marché, tandis que MSN (Microsoft) a lui aussi reculé, de 15,7 % à 12,8 %.