Un an après les attentats du 7 juillet à Londres, une communauté s'est formée sur internet, celle des rescapés des attentats: dans leurs blogues, ils racontent leurs peurs et leur révolte contre le gouvernement, et tissent un réseau d'amitié plus fort que la tragédie.

Un an après les attentats du 7 juillet à Londres, une communauté s'est formée sur internet, celle des rescapés des attentats: dans leurs blogues, ils racontent leurs peurs et leur révolte contre le gouvernement, et tissent un réseau d'amitié plus fort que la tragédie.

Ils s'abritent derrière des pseudonymes, qui leur donnent peut-être le courage d'être plus vrais: «Rachel from North London», «Steve Lovegrove», «Mitch», «Holly Finch», «Yorkshire lass in London»...

Certains ne le cachent pas: le blogue (journal intime écrit sur internet) leur est devenu indispensable. «Ce blogue est une thérapie pour moi afin de comprendre avec mes propres mots ce qui s'est passé ce jour-là», écrit Hamish, 23 ans, sur son blogue «My Story So Far» (humbitchca77.blogspot.com).

«Mon psychologue m'a demandé d'écrire ce blogue pour me permettre de comprendre mes pensées et émotions», écrit-il.

Ils y évoquent les hauts et les bas de leur «convalescence», leur lutte au jour le jour pour tenter de retrouver une vie normale, pour dompter la peur. «Je croyais pouvoir dominer ma terreur dans le métro, mais l'autre jour, j'ai dû sortir deux fois de la rame», raconte Holly Finch, 38 ans.

Un site sécurisé, «King's Cross United» a même été créé par les passagers du métro de la Piccadilly Line, lieu du plus meurtrier des quatre attentats: 26 morts et 340 blessés.

Ne pas parler aux autres passagers et feindre de ne pas les voir font partie de l'étiquette tacite des transports en commun londoniens. Mais ceux qui se trouvaient à l'heure fatidique dans ce tunnel à 20 mètres sous terre non seulement se parlent, mais se retrouvent régulièrement au pub.

Lorsqu'un membre de King's Cross United a peur de retourner dans le métro pour la première fois, il lance un SOS sur le site et un volontaire se propose pour l'accompagner.

«L'un d'eux écrit: Devinez quoi? j'étais dans une rame et elle est restée coincée dans un tunnel et j'ai réussi à ne pas hurler». Et on se dit tous «génial! un jour moi aussi j'en serai capable», raconte à l'AFP Rachel, 35 ans, directrice des ventes dans la publicité, qui se trouvait à moins de quatre mètres du kamikaze de la Piccadilly Line.

Ils font aussi campagne pour obtenir une enquête publique, que le gouvernement leur a toujours refusée.

Alors à défaut d'enquête officielle, ils laissent libre cours au débat sur internet. Leurs positions diffèrent: «ce n'est pas parce qu'on était dans le même train qu'on a le même cerveau», plaisante Rachel. Ils créent des liens internet avec des articles de journaux sur le terrorisme ou sur l'enquête ou vers d'autres blogues.

C'est ainsi que s'est créé un réseau d'amitié. «Je ne peux pas imaginer de groupe de gens plus sympas pour être à mes côtés dans un attentat», explique Rachel, qui s'est fixée la discipline d'écrire tous les jours son blogue (rachelnorthlondon.blogspot.com), mélange inhabituel de réflexions politiques et de confidences plus intimes.

«J'ai été pris dans la tragédie de ce matin d'été fatal du 7/7. Ce jour-là m'a fait réaliser combien je vivais dans mon propre monde, pris dans mes propres activités. Une chose formidable qui est sortie de cette journée a été de rencontrer d'autres rescapés. Sans leur affection et leur soutien, je ne sais pas si j'aurais survécu à ces sept derniers mois», écrit l'auteur anonyme du blogue «Who I am?».

«Sans mes amis passagers, je ne serais pas où je suis aujourd'hui. Vous rencontrer m'a donné de l'espoir. Nous étions des étrangers et nous sommes maintenant des amis. Les kamikazes voulaient un monde en lutte, mais ils nous ont rapprochés», écrit Hamish.