Inauguré en 2004 par des envoyés spéciaux de la BBC au Festival de Cannes, le blogue, journal de bord sur internet, séduit de plus en plus de journalistes sur la Croisette, tentés par ce nouvel espace affranchi de toutes contraintes de ton ou de format imposées par leurs rédacteurs en chef.

Inauguré en 2004 par des envoyés spéciaux de la BBC au Festival de Cannes, le blogue, journal de bord sur internet, séduit de plus en plus de journalistes sur la Croisette, tentés par ce nouvel espace affranchi de toutes contraintes de ton ou de format imposées par leurs rédacteurs en chef.

Dans un style nettement subjectif, le lecteur s'y régale de l'envers du décor, une réalité pas toujours présente dans la presse.

Disciple du gonzo-journalisme, lancé par le déjanté écricain-journaliste américain Hunter Thompson, Cédric Couvez, spécialiste people du quotidien gratuit 20 Minutes, prolonge sa rubrique quotidienne sur son blogue dont l'intitulé donne le ton: «Cannes you don't sleep».

«Mon blogue est une extension du journal, sans interdit ni tabous, ni gabarit à respecter, avec souplesse et subjectivité à la clé», estime-t-il, livrant sa vision très impressionniste des nuits cannoises.

Deux envoyés spéciaux du quotidien Le Monde, Thomas Sotinel et Jacques Mandelbaum, livrent aussi à tour de rôle leurs états d'âme sur leur blogue commun, «Cannes, pair et impair».

«Le blogue offre toute la place que l'on n'a pas dans le quotidien mais aussi permet d'adopter un ton différent, tout en se conformant aux règles de la profession», a souligné à l'AFP Thomas Sotinel.

Evoquant un entretien avec l'ancien vice-président américain Al Gore, le critique cinéma du Monde a confié sur son blogue «le plaisir intense d'interroger quelqu'un qui a quelque chose à dire et qui prend plaisir à construire des réponses convaincantes». «Bon, d'accord, peut-être qu'il simule...», ironise Thomas Sotinel.

Le blogue d'un journaliste est aussi l'occasion d'y lire ses impressions, avant même que son article paraisse: Darren Waters, reporter de la BBC, a raconté en exclusivité, jeudi, le regarde assassin que lui a jeté Kirsten Dunst quand il a demandé à Sofia Coppola ce qu'elle avait ressenti pendant la bronca des journalistes contre son film «Marie-Antoinette».

Se libérant des contraintes de temps de la version papier de son titre, l'hebdomadaire culturel britannique Time Out, Dave Calhoun éreintait dès mercredi mi-journée «Marie-Antoinette», s'attirant immédiatement des réactions diverses d'internautes.

Les journalistes du quotidien français Libération bloguent aussi sans compter : Antoine de Baecque et la productrice Michèle Halberstadt y animent à quatre mains un journal de bord.

Sur son blogue, Aurélien Ferenczi, de l'hebdomadaire français Télérama, vide carrément son sac : «Cannes est une école de la frustration pour ceux qui n'y sont pas et aussi ceux qui y sont (...) C'est une machine infernale : il y a trop de films à voir, trop de gens à connaître, trop d'infos à digérer. Quand l'emploi du temps dérape, la faute à la fatigue, ou au hasard, un léger vent de panique vous saisit. Et puis, on en prend son parti, on accepte de ne saisir l'événement que partiellement...».

Le blogue est idéal pour proclamer tout haut ce que beaucoup pensent sans oser le dire. L'an prochain, la revue de presse officielle du festival devrait intégrer au moins les blogues des journalistes les plus influents.

- Thomas Sotinel et Jacques Mandelbaum (Le Monde):

https://cannes2006.blog.lemonde.fr/cannes2006/

- Darren Waters (BBC News):

https://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/4765551.stm

- Aurélien Ferenczi (Télérama):

https://blogs.telerama.fr/cinema/

- Arion Berger (Express/Washington Post):

https://www.readexpress.com/

- Cédric Couvez (20 Minutes):

https://night.blog.20minutes.fr/

- Antoine de Baecque et Michèle Halberstadt:

https://cine.blogs.liberation.fr/

- Béatrice Toulon (Studio/L'Express):

https://blogs.lexpress.fr/cannestudio1/

- Dave Calhoun (Time Out):

https://www.timeout.com/film/news