«iTunes Music Store, c'est hier déguisé en demain», affirme Tim Quirk, directeur des contenus chez Real Networks. Cette entreprise américaine est l'un des plus importants fournisseurs de services payants de musique en ligne chez nos voisins du Sud avec près de deux millions d'abonnés à son service Rhapsody, qui donne à sa clientèle américaine l'accès illimité à un répertoire de plus de 1,5 millions de titres moyennant des frais de 10 $.

«iTunes Music Store, c'est hier déguisé en demain», affirme Tim Quirk, directeur des contenus chez Real Networks. Cette entreprise américaine est l'un des plus importants fournisseurs de services payants de musique en ligne chez nos voisins du Sud avec près de deux millions d'abonnés à son service Rhapsody, qui donne à sa clientèle américaine l'accès illimité à un répertoire de plus de 1,5 millions de titres moyennant des frais de 10 $.

Encore dans leur phase embryonnaire, les services d'abonnement illimité ne sont implantés que dans trois grands marchés (États-Unis, Canada et Royaume-Uni) mais leur progression s'annonce exponentielle. Pour l'instant, les services «à la carte» l'emportent encore largement.

Tout à fait normal puisqu'ils sont calqués sur le monde physique de la vente au détail, pense Tim Quirk, interviewé aux Rencontres québécoises de l'industrie de la musique qui se terminaient hier, au marché Bonsecours.

«Apple a pu conquérir de vastes marchés pour diverses raisons. Primo, ils produisent leurs propres machines, leurs propres logiciels et gèrent leur propre site Internet. Secundo, ils ont réussi à obtenir l'accord de tous les principaux labels de musique, ce que personne n'avait réussi jusqu'alors. Pourquoi? Parce que le marché fermé de la communauté Apple (3 % des ordinateurs portables) était beaucoup moins menaçant pour les multinationales de la musique. Bien avant iTunes, plusieurs services de musique en ligne s'étaient heurtés au refus des majors.»

Tim Quirk se souvient de l'époque où il menait les destinées de Rhapsody, service offert par Listen.com, une entreprise de San Francisco misant déjà sur l'accès illimité à un répertoire beaucoup moins considérable que celui actuellement offert.

«Les majors nous proposaient alors de vendre leurs chansons par paquets de 10. On leur avait rétorqué que ça ne fonctionnerait pas, qu'il valait mieux créer un service d'écoute de musique en transit (streaming) en ne payant qu'une seule somme mensuelle.»

C'était au tournant de cette décennie, il y avait à l'époque trois principaux services de vente légale en ligne misant sur un forfait mensuel: PressPlay était soutenue par Universal, Sony et EMI, MusicNet avait été mis au point par Real (à qui l'on doit le logiciel de lecture Real Player) et financée par Time Warner, BMG et EMI tandis que le service Rhapsody était mis de l'avant par Listen.com, une firme indépendante implantée à San Francisco qui n'avait pas l'essentiment des majors.

Rhapsody est devenu depuis lors un des leaders mondiaux de la musique en ligne aux côtés des iTunes, Yahoo Music Unlimited, Napster to Go ou Music Now.

«Nous avons réussi car nous avions en tête la satisfaction des consommateurs sur Internet. PressPlay et MusicNet avaient été construits par des majors du disque, dont les clients n'étaient pas les consommateurs mais bien les magasins de disques. Ces derniers avaient l'expertise de l'achat d'un disque, pas les majors qui en assuraient la distribution.»

On connaît la suite: les services Pressplay et MusicNet ont failli à la tâche, les multinationales ont fini par retirer leurs billes de ces entreprises... et Rhapsody a poursuivi son petit bonhomme de chemin. Il y a trois ans, la firme Real faisait l'acquisition de Listen.com et son service Rhapsody. En 2006, Rhapsody s'apprête à gérer une nouveau cycle de son expansion. «Les modèles par abonnement, rappelle Tim Quirk, n'ont pas décollé aussi rapidement que ne l'espéraient les étiquettes de disques. Parce qu'il s'agissait d'une toute nouvelle façon de consommer la musique, il fallait éduquer cette nouvelle clientèle.»

La prochaine phase, selon le patron des contenus chez Rhapsody, repose sur le progrès de l'interopérabilité des contenus et des lecteurs de contenus. «Pour l'instant, soulève-t-il, nous devons faire face à des situations absurdes. C'est comme s'il vous fallait un lecteur laser Virgin pour lire un CD de l'étiquette Virgin! Mais ce problème finira immanquablement par être résolu. Peut-être pas aussi rapidement que le voudraient les consommateurs avertis, mais le prochain round s'en vient...»

«Une nouvelle génération de baladeurs et de téléphones portables sera bientôt mise en marché. Plus de mémoire, de nouvelles applications audiovisuelles, et ce, à des coûts inférieurs aux iPods.»

Tôt ou tard, conclut Tim Quirk, le concurrent Apple devra lâcher prise.

«À court terme, les prix des chansons vendues à la carte auront tôt fait de baisser... pendant que progresseront les services par abonnement. N'est-il pas absolument insoutenable d'occuper à long terme entre 70 % et 80 % des parts d'un marché?»