Un adolescent s'est fait baisser le pantalon et prendre en photo par un groupe, avant de voir le cliché circuler dans Internet.

Un adolescent s'est fait baisser le pantalon et prendre en photo par un groupe, avant de voir le cliché circuler dans Internet.

Une autre a reçu des messages menaçants après qu'une camarade eut transmis son adresse courriel. Phénomène nouveau, la cyberintimidation a augmenté «de façon significative au cours des dernières années», selon Jeunesse j'écoute. Résultat: les jeunes victimes ne sont plus en paix nulle part, même à la maison. Plus de 625 messages- et 4300 appels- liés à l'intimidation ont été reçus par l'organisme d'aide en 2005.

L'analyse de ces messages, dévoilée hier lors d'une conférence de presse tenue à l'école Saint-Henri, permet de dresser le profil des victimes. Effrayés à l'idée de dénoncer leurs agresseurs, ces adolescents se sentent seuls et différents des autres. Plusieurs se sont fait trahir par des amis. «Ces jeunes-là sont très isolés», a dit Bernard Desrochers, directeur du service clinique de Jeunesse j'écoute.

De 10 à 13 % des garçons- et de 4 à 11 % des filles- de 11 à 16 ans déclarent avoir été intimidés au moins une ou deux fois par mois, selon une étude de Sécurité publique et protection civile Canada. De nombreux autres (85 %) sont des témoins passifs d'actes d'intimidation.

«Plusieurs nous disent qu'ils passent la récréation ou l'heure du lunch aux toilettes, parce que c'est un des rares endroits où ils ne se sentent pas achalés», a dit M. Desrochers. Son souhait: faire comprendre à l'école et à l'entourage des jeunes que l'intimidation doit être prise au sérieux. «Quand on dit: ça va passer, il y a des années de souffrance qui suivent», a-t-il indiqué.

David Bertrand, 14 ans, entend souvent des élèves prononcer des insultes racistes ou s'attaquer au physique des autres en allant à la cafétéria de l'école Saint-Henri. «Ils arrêtent aussitôt que des adultes arrivent, a-t-il dit. Ils se pensent cool, mais je les trouve niaiseux.»