Quand on achète un journal, on connaît souvent à l'avance les sensibilités politiques de ses éditorialistes. Mais sur le Web, comment savoir? Un nouveau moteur de recherche, Kosmix.com, classe les sites Web américains par orientation politique.

Quand on achète un journal, on connaît souvent à l'avance les sensibilités politiques de ses éditorialistes. Mais sur le Web, comment savoir? Un nouveau moteur de recherche, Kosmix.com, classe les sites Web américains par orientation politique.

Tapez «abortion», «gun control» ou d'autres sujets chauds aux États-Unis, et Kosmix.com filtrera la liste des pages Web obtenues selon trois orientations: conservative, liberal ou libertarian (conservateur, progressiste ou libertaire).

Fondé par deux anciens de la boutique en ligne Amazon.com, Kosmix.com est un de ces nouveaux moteurs de recherche «verticaux», qui tentent de détourner une part de la manne publicitaire de Google en offrant des spécialités. Après des sections sur la santé et le tourisme, le site se lance maintenant dans la politique.

L'initiative s'adresse surtout au public américain, ne serait-ce que par son découpage du spectre politique. Mais l'originalité de son concept vaut le détour. Par exemple, si vous tapez «gays and lesbians», vous pouvez lire uniquement des pages Web qui auront tendance à critiquer les revendications des gais et lesbiennes (conservateurs), à les soutenir (progressistes), ou à s'opposer à toute intervention du gouvernement sur la question (libertaires).

C'est pratique pour protéger les âmes sensibles qui ont des haut-le-coeur quand un site est diamètralement opposé à leurs valeurs.

Le site est actuellement offert en version d'essai «alpha», et il fait encore beaucoup d'erreurs de jugement. Certains résultats jugés progressistes sont conservateurs, et vice-versa. Mais l'entreprise est encore en train de raffiner son mécanisme de filtrage, notamment en observant les recherches des internautes.

Nous avons demandé à deux observateurs politiques de chez nous de faire leurs propres essais.

Selon Christian Dufour, chercheur à l'École nationale d'administration publique, il est toujours simpliste de vouloir appliquer des grilles sur la politique. «Beaucoup d'opinions politiques sont hybrides et ne peuvent pas rentrer dans des catégories aussi claires que ça. Je ne sais pas quels sont leurs critères. Cela dit, il y a peut-être un potentiel.»

Trop simpliste pour le Québec

Pour Mathieu Bock-Côté, collaborateur de la revue L'Action nationale, les résultats sont encore peu adaptés au reste du monde. «J'ai entré différents termes de politique américaine et c'était fort utile, mais dès que j'entrais des références qui sortaient du champ américain, ça me donnait quasiment juste des adresses d'hôtels.»

Selon M. Bock-Côté, le concept aurait beaucoup de mal à être repris au Québec. «Les orientations politiques en présence sont complètement différentes de celles des États-Unis. Mais nous avons surtout la question de la souveraineté, qui apporte un clivage supplémentaire sur la distinction habituelle entre la gauche et la droite. Celui qui voudrait adapter ce site-là au Québec risquerait peut-être, comme disait Gaston Miron, de se perdre dans les parallèles de ses pensées.»