Les jeunes désertent de plus en plus les stations de radio traditionnelles au profit des webradios. Mais d'autres phénomènes sont aussi à l'oeuvre dans l'émergence de celles-ci.

Les jeunes désertent de plus en plus les stations de radio traditionnelles au profit des webradios. Mais d'autres phénomènes sont aussi à l'oeuvre dans l'émergence de celles-ci.

Les formats actuels des radios commerciales indiffèrent les jeunes - même les stations rock, partout en Amérique du Nord, n'ont pas su renouveler leur auditoire. Une majorité écoute de la musique urbaine (hip-hop, rap, électronica). Et trouve donc les radios «plates».

En se branchant sur les webradios, les internautes vont chercher crédibilité et diversité, ainsi que du sur-mesure taillé pour leur culture de mobilité. «Avec tous les gadgets à leur disposition, c'est je veux l'écouter où je veux, quand je veux», signale Michel Dumais.

Le producteur Jeff Fillion en a pris note. Il tient mordicus à ce que son émission en direct à RadioPirate.com soit aussi disponible en baladodiffusion. Et il propose aussi 15 stations entièrement musicales, dont deux francophones, dont il assume entièrement la programmation, avec l'aide d'un logiciel.

Ça, c'est pour ceux qui veulent écouter de la musique sur leur ordinateur, la plupart au bureau. Car on assiste, encore là, à la naissance d'un nouveau phénomène : à l'ère des espaces ouverts sur les lieux de travail, plusieurs ont troqué le poste de radio en sourdine pour les écouteurs.

Écouter en différé

Autre grand changement, la possibilité d'écouter en différé. Qui ne date pas d'hier avec Internet. Mais de plus en plus de gens optent pour la baladodiffusion, surtout par abonnement. Suffit de transférer vers un lecteur numérique (genre iPod) pour écouter à vélo, en marchant ou en roulant.

Encore mieux, espèrent les pontes de l'industrie : le téléchargement direct dans le cellulaire. Les compagnies de téléphonie multiplient les initiatives. Jeff Fillion ne cache pas être en discussion avec deux compagnies, mais il préférerait passer par un intermédiaire qui offrirait son émission à toutes les compagnies. Tout le monde y gagne, croit-il : lui n'est pas lié exclusivement à une compagnie et celles-ci ne sont pas directement associées à lui.

C'est bien beau tout ça, mais pour que la webradio fonctionne et que la majorité de la population ne se sente pas trop larguée, l'enjeu principal est de «rendre ça le plus simple possible. C'est la règle du KISS (keep it simple stupid). La raison du succès du DVD réside là : c'est encore plus simple que la vidéo», commente Michel Dumais.

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