Où Fiona Apple a-t-elle présenté des extraits de son dernier album en primeur, gratuitement? Où pouvait-on voir un spectacle de Coldplay au Japon l'été dernier, hors du Japon? Où les Strokes testent-ils des pièces inédites? Sur myspace.com.

Où Fiona Apple a-t-elle présenté des extraits de son dernier album en primeur, gratuitement? Où pouvait-on voir un spectacle de Coldplay au Japon l'été dernier, hors du Japon? Où les Strokes testent-ils des pièces inédites? Sur myspace.com.

Relativement peu connu ici, surtout des gens qui ont plus de 30 ans, myspace.com est le deuxième site le plus populaire dans Internet aux États-Unis, en terme de pages visitées. Plus que eBay ou Google, juste derrière Yahoo. Sur myspace, chaque membre se bâtit sa petite page d'accueil, son petit espace à lui, comme le nom du site l'indique. Il y met sa photo, ses préférences et y étale ses états d'âmes qu'il peut partager avec ses amis membres de myspace, 56 millions d'amis, pour être plus précis.

Du «web networking»

Après à peine plus de deux années d'existence, c'est un succès phénoménal pour un site qui n'avait comme prétention première que d'être un lieu d'échanges, ouvert à tous et gratuit. Les Français appelleraient ça du «web networking», des lieux de rencontres virtuels qui ne sont pas des agences matrimoniales en ligne, qui remplacent plutôt le bar ou le perron d'église. Et maintenant, myspace remplace aussi le disquaire, puisqu'il est devenu le rendez-vous des musiciens de la scène alternative qui y testent leur matériel auprès d'un public cible et très ouvert aux nouveautés.

«C'est un peu comme de la publicité ciblée», dit le musicien québécois Ghislain Poirier, membre de myspace.com depuis le printemps dernier sous les conseils de sa maison de disques américaine. Myspace.com se targue de compter un million de musiciens parmi ses membres. En plus d'y faire entendre leur musique, les artistes peuvent produire des bulletins de nouvelles les concernant et les diffuser sur le réseau. Ghislain Poirier sera en concert à Amsterdam vendredi. Il devrait trouver dans la salle quelques-uns de ses amis myspace.

Au départ, le site intéressait surtout des artistes de la scène underground. «Ça permet de contourner le réseau commercial bien établi et de se faire des contacts d'affaires», indique Ghislain Poirier. Contrairement à d'autres sites de réseaux sociaux du genre, les musiciens peuvent mettre de la musique sur leurs pages, sans contrainte.

Des artistes établis

Le bruit a couru qu'il se passait quelque chose sur myspace, qu'un public exigeant et à l'affût des nouveautés s'y retrouvait. Maintenant, même des artistes très établis fréquentent le site. Madonna, Neil Diamond, Depeche Mode, Billy Corgan, Nine Inch Nails, Weezer et R.E.M. y ont tous présenté du matériel en primeur, gratuitement.

Les 18-34 ans constituent le noyau du groupe, d'où l'intérêt des gens de marketing qui ont tant de mal à rejoindre ce public autrement. Le président de News Corp, Rupert Murdoch, n'a pas hésité à dépenser 670 millions de dollars l'été dernier pour acheter Intermix Media qui gère myspace.com.

En moyenne, les membres passent une heure par visite sur le site, à échanger avec leurs copains ou les copains de leurs copains, puisqu'on peut naviguer d'un à l'autre en se créant une chaîne jusqu'à quelqu'un de très connu. Un excellent moyen de tester la loi du six degrés de séparation et d'y découvrir des musiciens originaux.

Plusieurs amis se rencontrent aussi en chair et en os, autour d'un café ou d'un verre, selon leur objectif. Car il ne faut pas se leurrer, certains membres sont loin d'avoir des desseins artistiques lorsqu'ils joignent le groupe. Leurs photos en sont la preuve.

Les deux jeunes fondateurs de myspace.com dirigent toujours l'entreprise, même depuis qu'elle est passée dans le giron du News Corp de Murdoch, en juillet dernier. Myspace a depuis lancé un premier disque, une compilation regroupant des artistes qui fréquentent le site. Il compte aussi donner dans la radio par satellite et travaille sur une version chinoise de myspace. Ce qui agrandirait passablement la famille...