Pas de clocher à réparer, pas de statues à redorer: Notre-Dame du Web est une église ultra-moderne qui se niche dans la Toile depuis six ans.

Pas de clocher à réparer, pas de statues à redorer: Notre-Dame du Web est une église ultra-moderne qui se niche dans la Toile depuis six ans.

D'un clic de souris (www.ndweb.org), on peut s'y recueillir, lire des récits évangéliques, admirer des tableaux ou suivre les aventures d'un petit personnage nommé M. Laflèche. Et pour la troisième année consécutive, on peut y apprendre à prier durant le Carême, temps de pénitence et de conversion pour les catholiques avant Pâques.

En 2005, plus de 1 300 internautes du monde entier avaient participé à cette cyber-retraite. Notre-Dame du Web accueille 25 000 internautes chaque mois.

Le site a été lancé en l'an 2000 par un jésuite de 44 ans, Thierry Lamboley, et une soeur de l'ordre du Cénacle, Ghislaine Pauquet. «Au début, nous l'avions lancé à titre expérimental, raconte le père Thierry Lamboley. Nous avons été surpris de la manière dont les gens ont accroché».

Les religieux ont dû chercher comment surmonter la contradiction entre ce média virtuel et le face-à-face privilégié dans la tradition spirituelle ignatienne, du nom de Saint Ignace de Loyola, fondateur en 1540 aux côtés de Saint François-Xavier et Pierre Favre de la Compagnie de Jésus qui fête cette année son Jubilé.

Animations flash, informations très brèves qui tiennent sur un écran, surtout pas de grands mots.

«Nous avons joué le jeu du langage internet, cette culture rapide, immédiate qui joue sur les couleurs, l'affectif», explique le père Thierry Lamboley.

Ingénieur en télécommunications de formation, il s'est initié tout seul, dès 1993, aux techniques internet : «La réalité quotidienne prend un poids grâce à internet. Nous proposons des exercices pratiques qui renvoient les gens à leur univers, par exemple vivre un chemin de croix dans leur appartement ou leur maison en symbolisant chaque station par une pièce».

Le site permet de «prier à partir d'un site Web» grâce à des liens avec le site du musée Marc Chagall ou des sites d'actualité générale. Un livre d'or permet à chacun de déposer un message : «En général, il y a une cinquantaine de pays représentés, c'est une véritable communauté chrétienne qui se tisse».

On y trouve des enfants d'une école de Guinée équatoriale, des internautes du Liban, de Roumanie ou de Belgique et de toute la France.

Claude se réjouit de ne plus être «isolée dans une campagne déchristianisée», Micheline explique : «L'âge réduit ma mobilité mais, grâce à ce site, je me sens solidaire de tous mes frères chrétiens».

Sur le forum de «prière continue», ils livrent leurs soucis ou leurs joies à Notre-Dame du Web : «J'ai très peur de la grippe aviaire, protège-nous», «pour mes deux fils qui sont au chômage depuis si longtemps», «après 18 jours avec la maladie du chikunguya (ndrl: qui sévit dans l'île française de la Réunion, dans l'Océan indien), je commence à reprendre des forces, aide moi à continuer à lutter» ou simplement «merci pour la belle journée que nous avons passée».