Le très médiatique Takafumi Horié, 33 ans, inculpé hier de manipulations boursières, se voulait le symbole d'une nouvelle génération d'hommes d'affaires japonais, un as de la finance et un modèle de réussite sociale.

Le très médiatique Takafumi Horié, 33 ans, inculpé hier de manipulations boursières, se voulait le symbole d'une nouvelle génération d'hommes d'affaires japonais, un as de la finance et un modèle de réussite sociale.

Celui qui s'était fait mondialement connaître il y a tout juste un an en lançant la première offre publique d'achat de l'histoire du Japon sur un fleuron de la télévision nippone, Fuji TV, est aujourd'hui devenu l'archétype de l'arriviste déchu, du parvenu corrompu.

«Je suis riche et célèbre certes, mais j'ai monté ma boîte (Livedoor) seul il y a 10 ans en partant de zéro», se vantait M. Horié il y a quelques mois.

Aujourd'hui, les nouveaux dirigeants de Livedoor se battent pour détacher l'image du groupe de celle ternie de son créateur, tombé pour n'avoir apparemment pas su gérer l'argent soudainement gagné grâce au boom d'Internet.

Rescapé de l'éclatement de la bulle des nouvelles technologies en 2000-2001, Livedoor, l'un des portails Internet les plus populaires du pays, a multiplié les acquisitions de petites sociétés fragilisées, se bâtissant peu à peu une stature internationale.

Valorisé en Bourse au-delà du raisonnable, le groupe Livedoor a fini par attirer la curiosité de la justice, laquelle découvre au fil de l'enquête que cet «empire» ressemble davantage à un château de cartes bâti sur des «mécanos financiers» mal assortis qu'à une véritable réussite entrepreneuriale.

Takafumi Horié se rêvait pourtant une destinée de «patron de conglomérat de la communication, d'Internet et de la finance».

Pressentant l'arrivée de la convergence entre médias traditionnels et Internet, il n'a eu de cesse d'accélérer le mouvement.

Faisant fi des conventions, il fonce: «On ne peut pas attendre 10 ans, il faut le faire maintenant, même si cela doit passer par une prise de contrôle inamicale», arguait-il pour justifier son offre publique d'achat (OPA) hostile sur le groupe de médias contrôlant Fuji TV.

Même s'il n'est pas parvenu à ses fins dans cette affaire, qui s'est soldée par un accord de partenariat à l'amiable, le semeur de trouble a déclenché le choc médiatique voulu.

Cette façon de faire «à l'américaine» a été jugée d'autant plus insolente par les milieux d'affaires japonais, plutôt conservateurs, qu'elle était lancée sans sommation par un «gamin» ne portant ni costume ni cravate.

Volontiers donneur de leçons, le capitaliste Horié se permettait même de traiter d'aveugles les classes patronale et politique de l'Archipel face à l'évolution de l'économie mondiale.