En 1997, le premier ministre français Lionel Jospin prononçait l'oraison funèbre du Minitel. À l'époque, personne n'aurait donné cher du Minitel à l'horizon 2006. Pourtant, en ce début d'année, la France compte toujours plus de huit millions de minitélistes et l'affaire demeure florissante.

En 1997, le premier ministre français Lionel Jospin prononçait l'oraison funèbre du Minitel. À l'époque, personne n'aurait donné cher du Minitel à l'horizon 2006. Pourtant, en ce début d'année, la France compte toujours plus de huit millions de minitélistes et l'affaire demeure florissante.

«Gagnez du temps en un rien de temps», promet la publicité du Minitel. Plusieurs millions de Français y croient encore. En 2004, dernier bilan disponible, le Minitel affichait un chiffre d'affaires de 420 millions. Ce qui fut longtemps la fierté télématique hexagonale, symbole d'une avance technologique de la France dans les années 80, compte encore de fidèles utilisateurs.

Mieux, le petit écran magique avec ses codes télématiques 36 15 et autres 36 11, demeure une source appréciable de revenus pour bien des commerçants. Il y a bien eu une baisse du trafic Minitel depuis 2002, mais, de manière surprenante, le nombre de minitélistes a augmenté entre 2001 et 2002, alors que tous les analystes pariaient que l'Internet prendrait définitivement le pas sur ce petit terminal qui équipait déjà des millions de foyers français l'année de sa naissance, en 1982.

Pour bon nombre de nos cousins, le Minitel a des atouts indéniables.

Selon la Mission française pour l'économie numérique «les Français de plus de 50 ans l'estiment encore plus simple à utiliser et plus sûr que les outils plus modernes». Comme l'indique l'organisme dans son dernier bilan: «Le trafic Minitel résiste mieux dans ses bastions traditionnels, comme l'annuaire, les services professionnels et les services banque et Bourse.». Le Minitel est performant pour des usages très pratiques et rapides. La sécurité des transactions sur le Minitel n'est plus à démontrer, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas sur Internet.

Enfin, le Minitel est une invention franco-française, ce qui a facilité son adoption par les cousins. Pourtant, ce fut un réel échec commercial à l'export. Personne ne s'en est jamais vraiment servi à l'étranger alors même qu'Internet était encore dans les limbes.

Dinosaure prohibitif

Un Minitel coûte de 200 $ à 670 $ à l'achat selon le modèle, mais il peut aussi être loué pour une vingtaine de dollars par mois. La facturation dépend ensuite de l'utilisation qu'en fait le minitéliste. Le système de facturation est compliqué et ce délicieux modèle d'exception culturelle française demeure un dinosaure prohibitif à l'utilisation.

Certains services coûtent jusqu'à 40 cents la minute. Une heure de Minitel peut coûter aussi cher qu'un mois d'abonnement à Internet. Certains services ne sont d'ailleurs plus que l'ombre d'eux-mêmes et ont considérablement chuté en raison de la concurrence du Web. C'est le cas pour les «messageries roses», ancêtres des sites pornographiques et les jeux. Pour ces derniers, les minitélistes se sont transformés en internautes.

France Télécom n'a rentabilisé l'exploitation du terminal qu'en 1998. Entre 1984 et 2000, l'entreprise a investi plus de 11 milliards. France Télécom continue d'ailleurs à investir dans le système.

Caroline Ponsi, responsable du service de presse de France Télécom, explique que «le Minitel est également déclinable sur PC avec le «i-Minitel», ce qui montre l'intérêt des Français pour son utilisation». De son côté, la Mission française pour l'économie numérique conclut: «La migration des services et des usages vers l'Internet est un processus irréversible. Néanmoins, le Minitel reste encore un outil performant dont l'usage et le trafic sont soutenus par des actions innovantes, telles que l'accès Minitel sur Internet.». Ce dernier est donc encore loin de la maison de retraite!

En savoir plus:

Le Minitel

www.minitel.fr