Contourner la censure imposée par Pékin au moteur de recherche sur internet Google reste possible, mais seulement pour les internautes avertis, soulignent les experts, alors que l'écrasante majorité de la population chinoise sera privée des sites sensibles que Google sait recenser.

Contourner la censure imposée par Pékin au moteur de recherche sur internet Google reste possible, mais seulement pour les internautes avertis, soulignent les experts, alors que l'écrasante majorité de la population chinoise sera privée des sites sensibles que Google sait recenser.

En lançant mercredi son site google.cn, hébergé en Chine, le moteur de recherche américain a accepté de bloquer de nombreux sites jugés indésirables par Pékin: si un internaute chinois interroge Google pour consulter les sites qui défendent le Tibet, par exemple, le moteur peut repérer son origine géographique et trier les réponses.

Jusqu'ici, malgré un contrôle déjà parmi les plus répressifs au monde, les sites qui déplaisaient à Pékin parvenaient quand même à filtrer par le biais de la version chinoise de google.com.

Avant Google, les portails internet Yahoo et MSN ont dû également souscire aux exigences de Pékin pour s'intaller en Chine.

Ce nouvel obstacle ne devrait toutefois pas décourager les internautes militants qui savent «qu'interdire sur internet a une signification toute limitée», selon un spécialiste français de la sécurité, qui a requis l'anonymat.

«C'est une course permanente entre internautes qui utilisent des techniques de furtivité et les services de police chargés de les détecter», ajoute-t-on de même source. Ces techniques de furtivité permettent de ne pas laisser de traces ni d'être identifié. Elles peuvent être utilisées pour contourner la censure en Chine, mais aussi par des terroristes ou encore des pédophiles.

Comme pour le piratage de la musique, qui a suscité un développement phénoménal de nouvelles technologies, «ces techniques sont en perpétuelle mutation», selon cette même source.

«De toute façon l'objectif pour la police chinoise n'est pas tant d'empêcher que quelques militants utilisent internet, mais plutôt que 99,9% de la population n'ait pas accès à ces informations», fait remarquer ce spécialiste.

Olivier Andrieu, éditeur du site abondance.com, expert des moteurs de recherche, souligne que ce n'est pas la première fois que Google censure des informations. Il cite l'exemple de la France et de l'Allemagne où les informations sur des sujets comme le nazisme et le révisionnisme sont filtrées.

«Sur ces sujets, vous n'aurez pas les mêmes réponses selon le pays où vous vous trouvez», fait-il remarquer, avant d'ajouter: «si Google veut s'installer dans un pays, il doit appliquer la loi».

Selon lui, les internautes chinois qui souhaitent braver la censure pourraient tenter leur chance par le biais de certains «méta-moteurs». Ces super-moteur de recherche rassemblent et synthétisent les réponses renvoyées par plusieurs moteurs de recherche, comme Google, MSN, Yahoo...

Si certains méta-moteurs ont signé des accords avec Google, ce n'est pas le cas de tous. Ils sont des dizaines, voire des centaines, à piller les informations du célèbre moteur américain, qui scrute 8 milliards de pages internet.

Ces méta-moteurs «pirates» utilisent des voies détournées pour obtenir ces informations. Lorsqu'un internaute s'en sert, Google ne peut identifier que les coordonnées du moteur pirate et non l'identitité de l'utilisateur.

Si ce moteur n'a pas été interdit par les autorités de Pékin, l'internaute chinois pourra alors accéder aux informations voulues en chinois.

«Ce n'est pas compliqué de créer ces 'pirates', deux jours suffisent et il est du coup difficile de les pister», affirme M. Andrieu selon lequel ce type de méta-moteur devrait connaître un réel développement pour contrer la censure en Chine.