Au début de 2006, les premiers avions dotés d'un accès Internet feront leur apparition dans le ciel nord-américain. Au grand bonheur des gens d'affaires, qui y voient une manière d'accroître leur productivité, et des vacanciers, qui pourront tuer le temps d'une nouvelle façon. Et selon les partisans du Web en vol, l'industrie aérienne y gagnera en sécurité, contrairement à ce que croit le département de la Sécurité intérieure des États-Unis.

Au début de 2006, les premiers avions dotés d'un accès Internet feront leur apparition dans le ciel nord-américain. Au grand bonheur des gens d'affaires, qui y voient une manière d'accroître leur productivité, et des vacanciers, qui pourront tuer le temps d'une nouvelle façon. Et selon les partisans du Web en vol, l'industrie aérienne y gagnera en sécurité, contrairement à ce que croit le département de la Sécurité intérieure des États-Unis.

Il y a près d'un an, la Commission américaine des communications (FCC) a laissé le champ libre aux lignes aériennes qui veulent installer à bord de leurs avions de ligne un accès Internet. C'est en utilisant le signal des transmissions air-sol qu'on serait en mesure de connecter un avion à la Toile, mais la façon dont les passagers pourront eux-mêmes se brancher reste nébuleuse. Un accès sans fil de type wi-fi intéresserait au plus haut point les lignes américaines, dont United Airlines.

Annoncé l'été dernier, le service qu'offrira prochainement United Airlines utilise effectivement ce protocole sans fil à haut débit. « Le résultat de nos études indique que ce type d'accès est le préféré de nos clients pour communiquer avec les gens au sol », affirme Dennis Cary, vice-président d'United Airlines. Selon lui, l'accès à Internet a été préféré au téléphone et, plus étonnant encore, à la possibilité d'utiliser son propre téléphone cellulaire en plein vol.

Cela dit, ce ne sont pas tous les avions qui seront équipés du service. United, qui s'est associée au fournisseur d'accès américain Verizon, a dû démontrer à l'Administration américaine de l'aviation (FAA) qu'il n'y aurait pas d'interférence avec les fonctions de routine de l'avion, un Boeing B757-200. La FAA a conclu que le système était sécuritaire, mais n'a autorisé l'Internet en vol sur ce seul type d'appareil.

On peut s'attendre à ce que le service soit payant, comme c'est le cas avec le service téléphonique à bord de nombreux appareils commerciaux.

Chez Air Canada, plusieurs nouveautés s'en viennent en matière de divertissement en vol, incluant un écran pour chaque siège ainsi qu'un service de vidéo personnalisé pour chaque passager, mais aucun projet n'est annoncé en ce qui a trait au service de connexion Internet. « Il est un peu trop tôt pour donner une date ou même des précisions sur le sujet », a confié à La Presse Affaires Isabelle Arthur, responsable des communications pour le transporteur aérien.

Dans le contexte actuel, il n'est pas étonnant de constater que le gouvernement américain juge peu sécuritaire l'installation d'un tel réseau de communication à bord des avions qui survolent son territoire. C'est pourquoi le FBI et les départements de la Justice et de la Sécurité intérieure des États-Unis ont demandé de pouvoir passer au peigne fin toute communication air-sol.

Les trois agences craignent que d'éventuels terroristes se servent de leur courriel ou d'un service de messagerie instantanée pour communiquer entre eux afin de coordonner une attaque.

Une attitude de poltron, soutient l'auteur américain Bruce Schneier, analyste réputé en matière de sécurité et de technologie. « Tout comme ça n'a aucun sens d'interdire les automobiles parce que les voleurs de banque s'en servent pour commettre leurs délits, cela n'a aucun sens d'interdire l'usage d'Internet dans les avions parce que d'éventuels terroristes pourraient l'utiliser aussi », dit-il en entrevue à La Presse Affaires. La sécurité est plus efficace lorsqu'elle ne spécule pas sur ce que sera la prochaine attaque terroriste. « En réalité, il existe des milliers de scénarios terroristes potentiels qui n'ont rien à voir avec l'Internet en avion », dit-il.

En fait, en permettant aux passagers de pouvoir communiquer rapidement et en tout temps avec les gens au sol, on complique la tâche d'éventuels terroristes à l'oeuvreà partir d'un avion. « On doit identifier les terroristes et les arrêter sans égard à ce qu'ils désirent faire », résume M. Schneier.

Selon lui, il serait plus facile de les démasquer, ou de les dénoncer, avec une centaine de témoins potentiels qu'avec le seul signal de communication monopolisé par les pilotes. Sous cet angle, permettre aux passagers d'avoir accès à Internet n'est pas seulement une mesure leur permettant de travailler un peu plus ou de se divertir davantage, mais ça pourrait aussi s'avérer une façon d'accroître la sécurité à bord des avions de ligne.

Alain.mckenna@lapresse.ca