Ceux qui manquent de courage pour sortir courir régulièrement seront peut-être plus motivés s'ils sont pourchassés par des zombies.

C'est du moins l'approche proposée par Zombies, Run!, une des milliers d'applications ludiques qui tablent sur le plaisir pour améliorer la bonne forme physique.

La ludification (gamification, en anglais) est actuellement très populaire auprès des concepteurs d'applications pour appareils mobiles qui souhaitent profiter du désir de la population de bouger un peu plus.

Des chercheurs de l'université américaine Brigham Young ont décidé de s'intéresser au phénomène, pour tenter de déterminer si le fait d'obtenir une petite médaille à l'écran entraîne vraiment une modification des habitudes de vie.

Les professeurs Cameron Lister et Josh West ont constaté, en analysant plus de 2000 applications de santé et de forme physique, que la majorité d'entre elles comportent une certaine part de ludification.

Ils ont aussi personnellement testé 132 applications comme Pact (ceux qui n'atteignent pas leurs objectifs d'entraînement doivent payer ceux qui réussissent), Fitbit (des amis compétitionnent les uns contre les autres) et DietBet (ceux qui perdent 4 % de leur poids de départ en quatre semaines recoivent de l'argent de ceux qui échouent).

Près de la moitié (45 %) des applications font appel à la pression des pairs. Les autres offrent des récompenses numériques (24 %), des compétitions (18 %) et des palmarès (14 %).

Les chercheurs s'inquiètent de voir la ludification devenir démotivante à long terme. Ils déplorent que les applications ciblent uniquement la motivation des utilisateurs, en laissant passer une occasion de les inciter à changer de façon permanente leurs habitudes de vie.

«Ces applications semblent tenir pour acquis qu'on déteste la santé et qu'on déteste prendre soin de notre corps, alors elles vous offrent de petites récompenses pour vous faire faire ce qu'elles veulent que vous fassiez, a déploré M. Lister par voie de communiqué. Mais en réalité, on devrait intrinsèquement vouloir être en santé et participer à des activités de santé.»

Les conclusions de cette étude sont publiées dans les pages du Journal of Medical Internet Research.