Avec sa première conférence pour les concepteurs d'applications qui s'est tenue lundi et mardi à San Francisco, le groupe électronique sud-coréen Samsung a tenté de sortir de l'ombre de Google dans les logiciels mobiles.

«Samsung essaye de retirer un peu de l'accent mis sur Google et de fidéliser les développeurs», estime Robert Enderle, un analyste indépendant spécialiste du secteur technologique.

Environ 1300 personnes participaient à l'événement organisé par Samsung sur le modèle de ceux programmés régulièrement par les géants américains du secteur technologique comme Google, Apple ou Microsoft.

À l'image de leurs homologues américains, les dirigeants sud-coréens ont présenté durant leurs discours d'introduction de nouveaux kits pour les développeurs désireux de concevoir des applications professionnelles ou grand public compatibles avec les téléphones intelligents, tablettes ou téléviseurs connectés produits par Samsung.

Mais ils ont bien peu mentionné Android, le système d'exploitation mobile que Google laisse plusieurs fabricants utiliser gratuitement. Samsung est celui d'entre eux qui a le plus de succès: il est le seul en mesure de rivaliser avec Apple sur le marché des téléphones intelligents comme sur celui des tablettes.

Bras de fer

Si beaucoup des sessions de la conférence étaient in fine consacrées à des versions personnalisées d'Android, Samsung est aussi en train de développer son propre système d'exploitation, Tizen, et cherche probablement à convaincre les développeurs de créer des applications compatibles avant de lancer des produits sur le marché, selon Rob Enderle.

«Samsung veut davantage de contrôle sur la plateforme Android, et Google n'aime pas le fait qu'il soit si dominant», juge l'analyste. «Il y a un bras de fer en cours».

La tension a été renforcée par l'acquisition l'an dernier par Google du fabricant de téléphones portables Motorola Mobility, qui a conçu sous son égide un tout nouveau téléphone intelligent opérant sous Android, le Moto X.

Pour séduire les développeurs, Samsung a mis en avant son large éventail d'appareils et les vastes opportunités qu'ils ouvrent aux applications adaptées à des utilisations «multi-écrans».

«Les applications que vous créez seront accessibles sur tous nos appareils, pas seulement les téléphones intelligents, les tablettes et les PC», leur a dit Gregory Lee, président de Samsung Telecommunications America. «Il y a tellement de possibilités de convergence», a-t-il souligné.

Un écosystème de produits toujours plus large

«Samsung est en train de créer une des plus larges plateformes d'engins connectés, avec un vaste éventail d'appareils que les gens aiment et utilisent tous les jours, comme des smartphones, des tablettes, des télévisions et davantage encore», a fait valoir Won-Pyo Hong, responsable de la division «media solution» du groupe sud-coréen.

Un autre responsable de cette division, Curtis Sasaki, a souligné que Samsung investissait aussi énormément dans de nouvelles catégories de produits, comme les accessoires électroniques.

Le groupe sud-coréen avait ainsi présenté début septembre une montre permettant de téléphoner, consulter ses courriels, faire des photos ou écouter de la musique. L'appareil a toutefois jusqu'ici eu un succès mitigé, certains médias spécialisés évoquant des taux de retour par des acheteurs mécontents de l'ordre de 30%.

Cela n'a pas empêché Samsung de dégager de nouveaux bénéfices record au troisième trimestre: son résultat net a bondi de 25,6% sur un an à 8240 milliards de wons (environ 7,8 milliards de dollars).