Après les téléphones et les tablettes, les ordinateurs personnels sont en train de devenir le prochain terrain de jeu des annonceurs branchés. Finis les logiciels promotionnels, place aux applications commanditées...

«C'est une toute nouvelle direction pour nous, ainsi que pour l'industrie: les annonceurs ont désormais la possibilité d'atteindre leur public au bureau, en route vers la maison et même une fois à la maison. C'est le marketing du futur: peu importe où l'expérience débutera, elle suivra l'utilisateur jusqu'au bout», résume Joe Strolz, vice-président responsable de la division publicitaire de Microsoft Canada.

Ça peut sembler effrayant: après tout, qui veut être filé de la sorte par une entreprise? C'est beaucoup moins intrusif que ça en a l'air, assure M. Strolz. «C'est surtout une façon de mieux adapter la publicité au contexte: un téléphone, une tablette, une console de salon ou un PC ne racontent pas une histoire de la même façon», dit-il.

Ainsi, ce qui prend la forme d'une offre promotionnelle intégrée à la plateforme Xbox, dans le salon des consommateurs, peut devenir une bannière interactive sur une tablette ou un téléphone.

«Nous voyons un potentiel du côté des contenus riches, comme la vidéo, ou dans l'intégration d'éléments interactifs, comme des photos panoramiques à 360 degrés permettant de faire le tour d'un produit. Si le consommateur est intéressé, il peut partager avec son entourage, ou télécharger l'application mobile associée à la campagne d'un seul clic.»

Déjà, des annonceurs se manifestent. Au Canada, le lancement de Windows 8 a permis à Microsoft de signer des ententes publicitaires avec Ford, General Motors, Rogers et la Banque Scotia, entre autres.

La pub dans les applis

Depuis des années, un des leviers utilisés par les fabricants d'ordinateurs personnels pour réduire le prix de leurs produits est l'installation de «pourriciels», des logiciels promotionnels incitant à s'inscrire au service d'un tiers, à acheter d'autres logiciels, ainsi de suite.

Windows 8 n'empêchera pas les fabricants de poursuivre dans cette voie. En fait, le nouveau logiciel de Microsoft en rajoute une couche, s'inspirant des plateformes mobiles d'Apple et de Google, afin d'offrir à d'éventuels annonceurs une vitrine publicitaire multiplateforme englobant les PC, les tablettes ainsi que les téléphones intelligents.

Autrement dit, les gens qui installent sur leur poste de travail des applications tirées du Windows Store seront potentiellement exposés à de la publicité de façon constante. La formule est la même que celle utilisée par Apple sur son App Store, ou par Google sur son Play Store: l'affichage publicitaire permet de réduire le coût des applications, voire de les offrir gratuitement.

En ouvrant l'univers des ordinateurs personnels au marché publicitaire, Microsoft espère mettre la main sur une bonne partie des dizaines de milliards de dollars qui seront dépensés, au fil des prochaines années, en achat de publicité dans les applications mobiles.

La plupart des études le confirment: c'est un marché en pleine ébullition. La publicité dans les applications aurait une valeur de 2,4 milliards en 2012, selon Juniper Research, mais elle pourrait atteindre 7,4 milliards en 2015.

La raison en est simple: ça marche. «Plus la publicité est près des utilisateurs, plus ils sont susceptibles de cliquer. En prime, ce type de publicité est plus riche, allant jusqu'à intégrer des indications routières vers une succursale à proximité», explique-t-on chez Juniper.

Pour joindre notre journaliste: alain.mckenna@lapresse.ca