Il y a dix ans naissait l'iPhone, appareil emblématique qui a littéralement révolutionné l'industrie des téléphones portables et changé nos habitudes, mais son créateur Apple n'en reste pas moins sous pression en attendant la sortie éventuelle d'une nouvelle merveille.

L'iPhone a été présenté au grand public le 9 janvier 2007 par Steve Jobs, visionnaire patron d'Apple aujourd'hui décédé. Et rarement un appareil aura autant bouleversé les habitudes que ce petit accessoire à écran tactile, alors qu'à l'époque le marché était dominé par les téléphones à clavier de BlackBerry.

Ce qui était alors assez inattendu, c'est la manière dont l'iPhone allait permettre le développement d'une multitude d'applications qui nous laissent la possibilité aujourd'hui de tweeter, d'envoyer des messages instantanés par Snapchat, de jouer à Pokémon Go ou de diffuser des vidéos en direct.

« Apple a permis le développement de toutes ces applications qui ont amené cette plateforme d'informatique mobile dans votre poche », relève Brian Blau, analyste de la firme spécialisée Gartner, au salon de l'électronique CES de Las Vegas, qui s'achevait dimanche.

« Aujourd'hui il est difficile de créer un produit électronique grand public sans connectivité » à l'internet, ajoute-t-il.

Les téléphones intelligents jouent même un grand rôle dans les accessoires de réalité virtuelle, de plus en plus en vogue : insérés dans les casques ils servent d'écran pour explorer toute une gamme de royaumes virtuels.

L'internet dans la poche

Apple n'est pas présent sur le salon CES, mais son ombre et son pouvoir créatif planent sur de nombreux stands, depuis les voitures disposant de systèmes « d'infotainment » synchronisés avec des iPhone jusqu'aux réseaux qui contrôlent à distance de multiples paramètres dans votre maison (température...) grâce à des applications spécialisées, sans oublier les téléphones intelligents concurrents qui reprennent de nombreuses fonctionnalités des iPhone.

« L'iPhone a changé le monde parce que l'informatique mobile fait aujourd'hui partie de la vie quotidienne des gens », reprend M. Blau.

L'iPhone, d'une certaine manière, a été la graine autour de laquelle l'industrie de l'électronique grand public a poussé et proliféré, estime encore Maxwell Ramsey, du site d'informations spécialisé dans la téléphonie mobile phoneArena.com.

« Ce qu'il a fait est assez remarquable. On est toujours en train de surfer sur cette vague née en 2007, aucun doute là-dessus », dit-il.

Mettre l'internet dans la poche des consommateurs ou sur des tablettes a profondément changé la manière dont on regarde un film, on s'informe, on socialise ou on travaille.

« Il a bouleversé l'orientation de l'industrie », estime M. Ramsey. « Il a aussi détruit beaucoup d'entreprises et changé le paysage ».

« Encore un gros truc »

L'iPhone dans ses multiples déclinaisons a été une énorme source de revenus pour Apple, mais pour la première fois les ventes ont commencé à décliner l'année passée dans un marché de plus en plus saturé et hyper concurrentiel.

Le patron de la marque à la pomme Tim Cook et d'autres responsables ont vu leurs salaires revus à la baisse car des objectifs internes n'ont pas été atteints, selon un document d'un régulateur américain vendredi.

Les ventes d'iPhone étant en baisse, les profits enregistrés par Apple lors du trimestre achevé le 24 septembre dernier ont chuté, mais les revenus tirés des services permettaient de rester optimiste quant aux efforts entrepris par l'entreprise pour réduire sa dépendance à l'iPhone.

Le géant de la Silicon Valley cherche en effet à diversifier ses sources de revenus, grâce aux applications et aux services. Ainsi le « magasin d'applications », l'App Store, a enregistré la plus grosse journée de son histoire le 1er janvier, clôturant une saison des Fêtes particulièrement fructueuse.

Depuis le lancement de l'App Store en 2008, les développeurs ont encaissé plus de 60 milliards de dollars grâce aux applications créées sur mesure pour les appareils d'Apple, selon l'entreprise.

Mais la firme californienne reste sous pression pour sortir le prochain objet révolutionnaire, beaucoup craignant qu'elle ait perdu de son pouvoir créatif depuis le décès de Steve Jobs en 2011.

Parmi les projets en cours figure notamment une voiture autonome.

« Je pense qu'ils vont encore sortir un gros truc », avance Brian Blau. « Mais l'avenir de l'entreprise va reposer sur des innovations plus modestes, et il n'y a aucune honte à cela ».