Le groupe américain IBM veut mettre l'informatique quantique à la portée de virtuellement n'importe qui, en permettant depuis mercredi au public de tester via internet son propre système expérimental.

Les grands groupes informatiques et les laboratoires de recherche travaillent depuis des années sur les ordinateurs quantiques, qui seraient beaucoup plus puissants que les ordinateurs actuels, car capables d'utiliser des propriétés étonnantes des particules permettant d'échapper aux règles de la physique classique.

L'information la plus élémentaire des ordinateurs actuels est un «bit», forcément binaire (0 ou 1). Un ordinateur quantique utiliserait des «quantum bits» ou «qubits» capables d'avoir plusieurs valeurs en même temps, avec le potentiel de faire un grand nombre de calculs en parallèle, ce qui réduirait énormément le temps nécessaire pour une tâche.

«IBM est persuadé que l'informatique quantique est l'avenir de l'informatique et a le potentiel de résoudre certains problèmes qu'il est impossible de résoudre sur les superordinateurs d'aujourd'hui», fait valoir le groupe dans son communiqué.

IBM a assemblé dans son centre de recherche T.J. Watson à New York un processeur constitué de cinq qubits. Comme les qubits sont très instables, il a été installé dans un réfrigérateur cryogénique pour limiter les erreurs qui pourraient résulter de la chaleur et des radiations électromagnétiques.

Le groupe a aussi mis en place une infrastructure d'infonuagique, dématérialisée en ligne, permettant d'accéder à son processeur quantique afin de réaliser des expériences de programmation depuis n'importe quel ordinateur classique ou appareil mobile connecté à internet (www.ibm.com/quantumcomputing).

IBM estime que cet accès «aidera les entreprises et les organisations à commencer à comprendre le potentiel de la technologie, les universités à faire croître leurs programmes d'enseignement sur l'informatique quantique et des sujets associés, et les étudiants à prendre conscience de nouvelles carrières prometteuses».

«En rendant l'informatique quantique accessible à potentiellement n'importe qui via le nuage, le groupe rend sans doute une sorte de service public, même s'il peut bénéficier de ce que les gens apprendront en expérimentant avec le nouveau système», estime Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies Associates.

IBM compte augmenter le nombre de qubits et essayer différentes configurations de processeurs au fil du temps. Il estime que des processeurs de 50 à 100 qubits devraient être possibles «dans la prochaine décennie».

Cela permettrait un nombre de combinaisons «probablement plus grand que le nombre d'étoiles dans l'univers», selon Roger Kay.

Il reconnaît que les applications sont pour l'instant «plutôt limitées», mais qu'à terme un ordinateur quantique «pourrait faire des recherches instantanées dans des bases de données massives», faire avancer l'intelligence artificielle avec «des capacités d'apprentissage surhumaines et inouïes», et «casser n'importe quel cryptage connu en un claquement de doigts».