Il a 30 millions d'abonnés Facebook, twitte plusieurs fois par jour mais lors de sa visite dans la Silicon Valley ce week-end, Narendra Modi entend promouvoir la haute technologie indienne.

Le premier ministre indien entend séduire les investisseurs américains pour qu'ils misent sur la troisième économie asiatique et contribuent à la campagne «Digital India» en faveur d'une Inde mieux connectée.

«L'Inde émerge comme une plateforme pour les start-ups dans un vaste éventail d'activités et nous voulons aller plus loin», a dit Modi sur Facebook. «Nous voulons que le monde connaisse les capacités d'innovation de nos start-ups».

Les géants américains de la haute technologie ont déroulé le tapis rouge pour Modi qui va rencontrer les patrons d'Apple, Facebook, du constructeur de voitures électriques Tesla et de Google tandis que des entrepreneurs indiens auront l'occasion de se présenter aux investisseurs.

Modi doit se rendre en Californie après avoir assisté à l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Il s'agit de la première visite d'un premier ministre indien sur la côte ouest depuis 1982, deux ans avant les premières ventes du Macintosh d'Apple, et ce déplacement intervient à un moment où les talents indiens ont la cote, les dirigeants de Microsoft, Google ou Adobe étant nés en Inde.

«Modi semble comprendre le rôle que les technologies peuvent jouer dans la résolution des problèmes de l'Inde», dit Vivek Wadhwa, entrepreneur et enseignant à Stanford.

«Quelle meilleure façon d'accélérer que de nouer des liens forts avec la capitale des technologies dans le monde, la Silicon Valley?», souligne-t-il.

Paradoxe indien

L'Inde se montre à la fois en pointe et très en retard dans la haute technologie, avec la plus forte croissance du nombre de start-ups dans le monde, selon l'organisation professionnelle du secteur, et une armée d'ingénieurs spécialisés à Bangalore et Hyderabad.

Mais le pays compte encore un milliard d'habitants dépourvus d'accès à internet, essentiellement en milieu rural.

Amateur de haute technologie, Modi a sa propre application sur smartphone, est apparu lors de réunions sous forme d'hologramme et a poussé les dirigeants indiens du secteur en mars à se demander pourquoi l'Inde n'avait pas réussi à créer un Google.

Cet appétit pour le numérique ne se reflète cependant guère dans le fonctionnement de son administration, le patron de General Electric Jeffrey Immelt ayant ainsi regretté qu'il faille en Inde «17 tampons sur chaque document officiel, à l'ère du numérique».

Le gouvernement s'est fourvoyé à plusieurs reprises dans ses tentatives pour réguler les technologies de l'information, la dernière étant le retrait d'un projet prévoyant d'encadrer le cryptage des données et d'exiger la conservation des échanges de messagerie instantanée pendant trois mois.

«Il est trop tôt pour évaluer (les progrès de la campagne) Digital India. Jusque-là c'est surtout de la communication et des voeux pieux», selon Wadhwa.

Ainsi environ 70% des utilisateurs d'internet en Inde ont accès au web uniquement sur un smartphone souvent dépendant d'un réseau 2G très ralenti.

«La Silicon Valley doit s'adapter et innover pour ce marché, ou alors renoncer», estime un dirigeant d'un groupe américain de haute technologie.

«Afflux d'investissements»

Les investisseurs américains portaient autrefois peu d'attention aux start-ups indiennes mais la situation change, selon les entrepreneurs.

«Depuis le changement de premier ministre, on assiste à une accélération des investissements dans le pays», dit Prukalpa Sankar, cofondatrice de SocialCops, qui collecte des données pour améliorer la prise en charge des problèmes sociaux.

Sa société, créée il y a deux ans, a levé des fonds auprès du directeur opérationnel de Google Inde et sera du déplacement américain pour se faire connaître.

«Les entrepreneurs indiens sont enthousiastes de voir qu'ils sont pris au sérieux, peut-être pour la première fois», dit Geetika Dayal, directrice exécutive du réseau The Indus Entrepreneur, à l'AFP.

Les Indiens sont nombreux à la tête de start-up américaines et 45 000 personnes se sont inscrites pour pouvoir voir Modi à San Jose ce week-end.

Mais un nombre croissant d'entre eux envisagent un retour en Inde, assurent les observateurs. «Il y a des opportunités en Inde et ils ne veulent pas rater le train», dit Rajat Tandon, vice-président du Nasscom.