Anxieux à l'idée de perdre l'accès à votre courriel ou à votre service 3G ? Le signal cellulaire, l'internet et même l'alimentation électrique sont parfois difficiles à obtenir quand on s'éloigne des grands centres durant les vacances. Il existe pourtant des solutions. Petit guide de survie à la campagne pour le technophile averti.

TÉLÉPHONIE MOBILE : LA CHASSE AU SIGNAL

Dans le bois, le signal cellulaire est souvent faible. Résultat : appels rompus et transmission de données à pas de tortue. Les amplificateurs de signaux peuvent parfois régler le problème.

AVANT D'ACHETER

Un amplificateur capte le signal d'une tour cellulaire au moyen d'une antenne, l'amplifie et renvoie ces ondes à l'intérieur du chalet grâce à une seconde antenne. Il fait l'inverse pour le signal provenant de son téléphone. Pour fonctionner, il lui faut donc déjà capter un certain signal. La force du signal se mesure en décibels (dB). Les téléphones intelligents peuvent généralement afficher cette information. Une petite recherche web permet de facilement trouver comment faire. 

À 70 dB ou moins, le signal est excellent, dit Jocelyn Désy, président de Technicomm, à Repentigny. « On est collé sur la tour. C'est cinq barres indicatrices. » À 125 dB ou plus, on n'a pas de signal. Idéalement, pour qu'un amplificateur fonctionne, il faut avoir de 90 à 95 dB de signal, ce qui peut correspondre à une barre indicatrice. Et plus le signal sera faible à l'extérieur, moins on pourra couvrir une grande surface à l'intérieur du chalet.

À QUOI S'ATTENDRE

Le signal d'une tour cellulaire est assez puissant pour être utilisé dans un rayon d'environ 10 kilomètres, explique Yves Bazinet, un spécialiste des télécommunications chez MG Électronique à Saint-Jérôme qui compte plus de 35 ans d'expérience dans le domaine. Les amplificateurs peuvent aider à prolonger cette zone d'une dizaine de kilomètres, voire, dans des cas extrêmes, d'une centaine. Les résultats varient en fonction de différents facteurs. 

« L'hiver, par exemple, le signal est meilleur. Il n'est pas atténué par la végétation », dit Jocelyn Désy. On peut d'ailleurs, à l'occasion, améliorer la réception en coupant un ou plusieurs arbres situés entre la tour et son chalet. Les amplificateurs ne font pas de miracles non plus. Si on est loin d'une tour, il faudra peut-être oublier les données sur son téléphone et obtenir l'internet par satellite. Et si on est vraiment, vraiment loin, on sera probablement limité à la téléphonie par satellite.

QUOI ACHETER ?

Avant de choisir son amplificateur, il est judicieux de jeter un oeil à la carte Canadian Cellular Towers Map. « Elle recense les tours cellulaires du pays et les fréquences sur lesquelles elles fonctionnent », dit Yves Bazinet. Cela permet de repérer la tour de son fournisseur la plus proche et de savoir quelles fréquences notre amplificateur doit pouvoir amplifier. Wilson est actuellement la marque la plus populaire d'amplificateurs, note Yves Bazinet. Wilson vient tout juste de changer de nom pour weBoost, mais les produits Wilson continuent d'être vendus. 

« Le Sleek Wilson Booster est un bon choix pour 139 $ », estime Yves Bazinet. Il peut être utilisé dans le chalet et dans l'auto. Le Wilson Mobile 3G est une bonne solution alternative, plus puissante, mais plus coûteuse, à 400 $. « Par ailleurs, si on veut l'internet 4G et que son fournisseur l'offre, il faut généralement avoir trois de ses tours à l'intérieur d'un rayon de 20 ou 30 kilomètres », dit Yves Bazinet.

CONSEILS D'INSTALLATION

On peut installer l'amplificateur soi-même. C'est une tâche d'une à cinq heures, peut-être un peu plus. Un installateur pourrait facturer quelques centaines de dollars. On peut choisir une antenne omnidirectionnelle pour l'extérieur s'il y a plusieurs tours à proximité. « Si tu es loin, il faut privilégier une antenne unidirectionnelle, ou Yagi, et la pointer vers la tour la plus près », dit Yves Bazinet. On doit ensuite éviter de pointer l'antenne intérieure vers l'antenne extérieure. Ça pourrait créer une rétroaction, un feedback. L'antenne intérieure doit aussi être à 25 pieds de l'antenne extérieure. « Les amplificateurs viennent avec des instructions d'installation, dit Yves Bazinet. Mon meilleur conseil, c'est de les lire et de les suivre à la lettre. »

INTERNET PAR SATELLITE : QUAND ON EST TROP LOIN POUR LE CÂBLE

Quand l'internet haute vitesse par câble ne se rend pas et qu'on est trop loin pour amplifier le signal cellulaire, il faut se rabattre sur les services par satellite pour naviguer sur le net.

DANS QUELLES RÉGIONS AURA-T-ON DU SIGNAL ?

Avec l'internet par satellite, on peut avoir le web partout au Canada, dit Daniel Forand, propriétaire de Daniel Forand Satellite, une entreprise de la Montérégie active dans le domaine des antennes satellites depuis 1985. « J'ai même des clients au Nunavut. » Par contre, le système doit demeurer au même endroit une fois qu'il est installé. « Il pourrait ne plus fonctionner 100 pieds plus loin », dit Daniel Forand. Impossible de trimbaler son antenne parabolique d'un chalet à un autre, par exemple, ou de la poser sur son véhicule récréatif dans le but de la repositionner à chaque arrêt pour la pointer vers le satellite. La raison : l'antenne doit être programmée à une fréquence particulière, différente pour chaque région, pour que le satellite puisse saisir les données qu'on lui émet. Si on déplace l'antenne, elle ne pourra donc plus parler au satellite.

QUI OFFRE LE SERVICE ?

« Xplornet est le fournisseur principal d'internet par satellite au Québec », dit Stéphane Auger, propriétaire d'AugerSat, en Abitibi-Témiscamingue. Les plans résidentiels coûtent entre 45 $ et 85 $ par mois. Le prix varie selon la vitesse de l'internet et la limite d'utilisation mensuelle de bande passante, qui va de 5 à 20 Go. Il peut aussi varier selon la région. Les clients n'ont généralement pas à payer l'installation ni l'équipement. Il y a cependant des « frais d'activation » d'une centaine de dollars facturés à l'abonnement pour les contrats de trois ans ou plus. Le prix est plus élevé pour les contrats plus courts.

QU'EN EST-IL DE L'INSTALLATION ?

Pour capter le signal, il faut que l'antenne soit pointée vers le satellite. « Il se trouve approximativement à 240 degrés, au sud-ouest, et à 27 degrés par rapport à l'horizontale », explique Daniel Forand. Le service pourrait ne pas fonctionner si, par exemple, une montagne est située entre les deux. Parfois, il suffit de couper la cime d'un groupe d'arbres. En théorie, on ne peut pas faire l'installation soi-même. Il faut faire appel à un installateur. Les règles sont ainsi faites parce que ces systèmes peuvent émettre du signal vers le satellite.

« Les autorités veulent éviter que n'importe qui puisse risquer de brouiller les ondes », dit Daniel Forand. En pratique, si on est très loin, on peut parfois faire l'installation soi-même tout en étant assisté au téléphone par un technicien en possession des permis requis pour mettre en place et activer le système.

QUELLE SERA LA QUALITÉ DU SERVICE ?

Il y a quelques années, les antennes pouvaient recevoir le signal du satellite - on pouvait télécharger -, mais ne pouvaient pas émettre de données. Pour cela, pour téléverser, il fallait avoir l'internet par ligne téléphonique. « C'était l'enfer », dit Daniel Forand.

Aujourd'hui, plus besoin d'avoir accès à une ligne téléphonique puisque les antennes sont capables d'émettre des données. 

Les systèmes actuels d'Xplornet permettent d'aller chercher jusqu'à 10 Mbps en vitesse de téléchargement et 1 Mbps en téléversement. Xplornet prévoit offrir un service, d'ici quelques années, avec des vitesses de téléchargement allant jusqu'à 25 Mbps. Le délai entre l'envoi et la réception de données, le ping, est assez long. Il est de 300 à 400 millisecondes pour l'internet par satellite contre trois ou quatre millisecondes pour l'internet par câble. « Pour la plupart des utilisations, les gens ne verront pas la différence, dit Daniel Forand. Mais c'est un désavantage pour les jeux en ligne. »

ÉLECTRICITÉ : GÉNÉRER SON COURANT POUR ÊTRE AUTOSUFFISANT

Pour faire fonctionner ses gadgets, ça prend du courant. Si les lignes ne se rendent pas, qu'on veut être autosuffisant ou que l'on recherche une solution moins bruyante et plus respectueuse de l'environnement qu'une génératrice à essence, les énergies alternatives sont une solution.

LE SOLAIRE

L'énergie solaire est la forme d'énergie alternative la plus populaire. « Elle offre un apport d'électricité assez constant et les panneaux demandent peu d'entretien », dit Ruisseau Leclair, spécialiste-technicien en énergie renouvelable chez Batteries Expert. Une fois installés, les panneaux doivent être branchés dans un appareil de contrôle de charge qui redirigera le courant vers les batteries. Il prévient leur surcharge. Les batteries sont ensuite couplées à un onduleur. « Il transforme le courant continu en courant alternatif. On peut le brancher dans le boîtier de distribution du chalet pour envoyer l'électricité vers les prises de courant, ou brancher les appareils à même l'onduleur s'il est muni de prises électriques », dit Ruisseau Leclair. Les autres appareils de génération d'électricité abordés plus loin fonctionnent de manière similaire.

QUOI ACHETER ?

Ruisseau Leclair suggère deux panneaux de 245 watts, des EWS-245-SP d'Énerwatt. Ils coûtent environ 330 $ chacun.

Il faut aussi des batteries pour emmagasiner le courant. Les batteries acide-plomb offrent généralement le meilleur rapport coût-performance.

Quatre batteries 2GC-220, à 700 $, donnent environ 400 ampères-heures de réserve.

« Il s'agit d'un bon ensemble de départ pour un chalet moyen, dit Ruisseau Leclair. Un tel équipement devrait permettre de faire fonctionner un grille-pain, une cafetière, un four à micro-ondes, une télévision et l'éclairage pendant quelques heures. »

Un onduleur à onde sinusoïdale modifiée, comme celui d'Énerwatt de 3000 watts, à 400 $, est aussi nécessaire.

Certains appareils, comme des chargeurs d'outils ou des modèles particuliers de télévisions, pourraient toutefois ne pas fonctionner. Si c'est le cas, il faut alors un onduleur à onde sinusoïdale pure. Le prix : environ 3000 $, selon le modèle. Ces appareils peuvent aussi généralement servir de chargeur pour les batteries, si on a une génératrice.

La différence entre les deux types d'onduleurs, à onde sinusoïdale modifiée ou pure, est assez technique. Le premier type d'onduleur transforme le courant continu en un courant alternatif ayant, si on dessine l'onde sur un graphique, une forme sinusoïdale qui ressemble à une vague. C'est une onde sinusoïdale pure.

Le second type d'onduleur transforme le courant continu en un courant alternatif ayant une forme approximant l'onde sinusoïdale. Cette onde ressemble à un escalier qui monte et qui descend. C'est l'onde sinusoïdale modifiée.

L'ÉOLIEN

Les éoliennes peuvent fonctionner 24 heures sur 24. « Toutefois, il faut un vent constant sans qu'il y ait trop de turbulences ou de rafales », explique Pierre Piché, propriétaire de G.P. Auto-Énergie, à Repentigny, une entreprise spécialisée dans les appareils de génération d'énergie alternative. Les éoliennes demandent plus d'entretien et de travail pour l'installation que le solaire. Certaines municipalités les interdisent. « Elles sont aussi relativement bruyantes », dit Pierre Piché. Idéalement, il faut vérifier chaque année si son éolienne vibre de manière anormale ou si les pales sont endommagées. Aux cinq ans, il vaut mieux vérifier le roulement à billes. Afin d'amortir l'impact des changements de saison, on peut parfois combiner le solaire et l'éolien, dit enfin Pierre Piché.

QUOI ACHETER ?

L'éolienne Air 40, un modèle éprouvé, coûte 1300 $. On doit normalement l'installer sur une tour de 27 à 45 pieds. Une tour à haubans de 29 pieds, par exemple, coûte environ 1200 $.

L'HYDRO

L'hydroélectricité est pratique parce que l'eau coule toujours. « On peut avoir huit ampères sans arrêt, durant toute la journée », dit Pierre Piché. Mais il faut une rivière à proximité. Contrairement au solaire et à certains modèles d'éoliennes, les hydroliennes peuvent générer du surplus de courant. Elles doivent donc généralement être branchées à un appareil de contrôle de dérivation pour dévier ce surplus vers un appareil, comme un élément de réservoir à eau chaude. Sinon, elles pourraient endommager les batteries.

QUOI ACHETER ?

L'hydrolienne Aquair coûte 2300 $. Pour fonctionner, elle a besoin d'un débit minimum de 8 à 10 km/h. L'hélice mesure 312 millimètres de diamètre. « Il faut au moins deux pieds d'eau pour installer cet hydrogénérateur », dit Pierre Piché.

L'appareil de contrôle de dérivation, lui, coûte près de 260 $. L'installation est assez simple. « On suspend généralement l'hydrolienne sous le niveau de l'eau à l'aide d'un support, qu'on peut fabriquer, qui sera par exemple attaché à un quai », explique Pierre Piché.

On peut aussi mettre une grille devant la turbine pour éviter que des débris n'endommagent l'hélice.