À chacun son ordi

Quel est l'ordinateur idéal ? Tout dépend de ce qu'on veut en faire. La Presse a demandé à quatre experts de nous présenter la machine de rêve, que l'on soit joueur, musicien, monteur vidéo ou simple utilisateur.

LE « GAMER »

Selon Carl Bédard, de la boutique CIPC, boulevard Rosemont à Montréal, « on peut avoir un très bel ordinateur de jeu pour 2000 à 3000 $. Et qui va durer longtemps, avec des composants de qualité ». Pour ceux qui ne veulent mettre que 500 $ sur un ordinateur, il suggère plutôt d'acheter une PlayStation.

LA PHILOSOPHIE

Presque tout ce que CIPC propose est fait maison, sur mesure, selon les moyens et les goûts de ses clients. « Si vous parlez de gaming, le "préfait", ça n'existe pas. Beaucoup de gens vont même s'équiper en fonction d'un seul jeu, leur préféré, comme League of Legends, Counter-Strike : Global Offensive ou Starcraft II. »

LE MONITEUR

En fait, le « kit de rêve » que propose CIPC en compte trois, des ASUS VG248QE 24", vendus 365,45 $ chacun. « C'est tout un investissement, ça... C'est un de nos meilleurs moniteurs, ceux qui veulent l'expérience complète vont le choisir. Il a une capacité de faire du 3D, une vitesse de réponse incomparable. »

LE CLAVIER

Un bon clavier doit offrir le rétroéclairage, dont on peut choisir la couleur, généralement rouge ou vert. « Les gens aiment ça, jouer dans le noir. » La touche doit être mécanique, « on veut qu'il clique, on veut avoir le feeling ». Son produit-vedette : le Razer BlackWidow Ultimate 2014 RZ03. Prix : 166,85 $.

LE SYSTÈME

Traditionnellement, les joueurs ont un faible pour Windows, un choix qui s'explique par l'offre incomparable de jeux et de pièces, et le coût généralement moindre des PC. « Des gamers Mac, ça existe, mais on ne peut pas adapter un Mac comme on le fait avec un PC. Un Mac qui va coûter 2000 $, je peux trouver l'équivalent pour 1400 $ en PC. »

LA QUINCAILLERIE

En ce qui concerne le micro-processeur, « on a une préférence pour Intel », dit son collègue Dimitri Lianopoulos. Son choix : la Core i7, dont le modèle de base se vend 387,95 $, avec 16 Go de mémoire vive. Le disque dur primaire, celui qui contient le système et le jeu en action, doit être de type SSD (Solid State Drive), comparable à la mémoire Flash, sans aucune pièce mobile. Coût : de 140 $ à 240 $.

LA CARTE VIDÉO

On est ici au coeur du sujet. « Un marché de joueurs, essentiellement, ça se passe dans la carte vidéo », dit M. Bédard. Le choix est illimité et peut grimper jusqu'à 2500 $. Certains vont même en mettre plusieurs. Le choix le plus populaire reste la série des NVIDIA GeForce, du fabricant ASUS, comme le GTX 980, vendu 769,95 $. « Une coche au-dessus », précise M. Lianopoulus, il apprécie la GTX Titan X d'ASUS, pour laquelle il faut débourser 1327,95 $.

LE BOÎTIER

Tout est ici matière de goût... et de circulation d'air. « Est-ce que tu veux avoir un Stormtrooper ou une boîte toute simple ? », dit M. Lianopoulos. Beaucoup de joueurs vont apprécier l'ajout de lumières. L'important, c'est que des ouvertures et un système de refroidissement adéquats empêchent la surchauffe. La plupart vont choisir des ventilateurs, certains vont aller jusqu'à installer un radiateur avec refroidissement liquide. Coût : environ 250 $ pour l'alimentation, 200 $ pour le boîtier, de 40 $ à 154 $ pour le refroidissement.

LES GARNITURES

On peut choisir d'ajouter des haut-parleurs, M. Bédard suggère les Creative GigaWorks T40 II, vendus 173,95 $ la paire.

Mais les vrais gamers vont plutôt opter pour un casque d'écoute, pour avoir une réelle audition périphérique. Le modèle idéal est alors une question subjective. « On va dire à la personne d'essayer, voir comment elle le sent sur sa tête, dit M. Lianopoulos. Mon choix, en ce moment, c'est le HyperX Cloud, de Kingston. Il est léger et solide. » Prix : 93,95 $.

Même chose pour la souris, qui doit évidemment être au laser, mais qui se décline en dizaines de modèles. Son choix : la Razer Deathadder Chroma, vendue 86,95 $. Ah, détail important : on n'utilise jamais de technologie sans fil, pour ne pas manquer de piles au moment crucial.

LE MUSICIEN

Alexandre Kano est propriétaire de la boutique Moog rue Saint-Denis, une institution montréalaise pour les musiciens. Du micro au logiciel d'édition, c'est là qu'on trouve les accessoires du parfait petit ingénieur de son.

L'ORDINATEUR

Réglons ce premier détail : Moog ne vend pas d'ordinateurs. Tout simplement parce qu'il en existe beaucoup sur le marché qui sont tout à fait satisfaisants, explique M. Kano. Il préfère, comme presque tout le monde dans ce milieu, les produits Apple. « Tout ce qui est iMac, Mac Book Pro, avec 4 Go de RAM minimum, idéalement 16 Go. » Il y ajoute un bon disque dur d'au moins 1 Tb. En fait, même en 2015, la musique ne requiert pas une puissance informatique très impressionnante. « Ça reste en 16 bits ou en 24 bits, n'importe quel ordi de maison peut gérer 16 pistes. »

LE LOGICIEL

Plusieurs écoles s'affrontent quand il s'agit de trouver LE logiciel idéal. Compte tenu de sa clientèle, qui travaille surtout dans de petits studios, Alexandre Kano privilégie Ableton Live. Il le vend entre 349 $ et 1999 $, selon la version. « Il est très populaire, de la préproduction à l'enregistrement. On apprécie son élasticité, ses possibilités. » Cubase était « très populaire dans le temps », mais a perdu de son lustre. Quant à Pro Tools, il est le préféré des plus grands studios, « mais a perdu du marché dans les petits ».

L'INTERFACE AUDIO

Elle est à la musique ce que la carte vidéo est au jeu. Un appareil crucial dont le travail est de « donner la meilleure reproduction possible du son ». « Prenez la même source, faites-la passer par deux interfaces, vous aurez un gain, une dynamique différents. » L'interface la plus vendue chez Moog est la série Scarlett, de Focusrite, vendue entre 129 $ et 639 $. « C'est essentiellement le nombre d'entrées qui vont changer, plus on paie cher. » Dans du plus haut de gamme, on retrouve les produits Motu (Mark of the Unicorn), dont le modèle 8M se vend pour la coquette somme de 1890 $.

LA CONSOLE

Personne n'a envie de passer des heures à contrôler des niveaux sonores avec une souris sur un écran d'ordinateur. Malgré l'arrivée de l'informatique, on a gardé en musique le même appareil qu'autrefois, la console de mixage pour contrôler les niveaux et la texture sonores. Elle est maintenant connectée à l'ordinateur et, en version motorisée, peut reprendre automatiquement les mêmes configurations. « Il y en a tellement... Behringer, une compagnie allemande, en vend de très abordables pour 300 $. » Les modèles DJX750 et DX2000USB sont notamment offerts chez Moog.

LES MICROS

« Le talent du musicien, c'est le plus important. Mais il faut qu'à la source, il y ait un bon micro. » Il mentionne spontanément la gamme Audio-Technica, « un bon microphone » qu'on peut acheter pour moins de 200 $. Rode en fabrique également de « très bons », dans un éventail de prix très étendu, de 500 $ à 2700 $.

L'ÉCOUTE

Contrairement aux mélomanes, les musiciens ne veulent pas de casques d'écoute ou de haut-parleurs qui vont enrichir la musique. « On veut quelque chose de fidèle, neutre, qui ne va rien colorer. » Côté moniteurs, les Adam sont réputés, à des prix allant de 1000 $ à... 31 000 $ la paire. Plus abordables, entre 200 $ et 1000 $, les KRK et les indémodables Yamaha « sont très populaires », dit M. Kano. Quant aux casques d'écoute, il recommande des AKG, notamment le modèle K240 à 156 $.

LE MULTITÂCHE

Mohammed Lakhder, conseiller à la succursale Best Buy du Marché central, a eu la tâche ingrate de repérer deux ordinateurs idéaux parmi les quelque 200 modèles qu'il vend. Les critères demandés : qu'ils fassent tout plutôt bien, pour un prix raisonnable. Il a accepté de jouer le jeu. Voici ses deux choix.

LE 15-P168CA DE HP

« C'est l'ordinateur le plus demandé, que ce soit pour la maison, le travail, l'université : ici, on parle de rapport qualité-prix assez incroyable », résume M. Lakhder. À la lecture de sa fiche technique, difficile en effet de croire que cette petite merveille ne se vend que 601,19 $. Cet ordinateur portable a un écran de 15,6 pouces, de 1366 pixels sur 768, et il est tactile, s'il vous plaît. « Les clients, à 60 %, préfèrent cette taille intermédiaire plutôt qu'un 14'' ou un 17'' », explique le conseiller.

Son processeur à six coeurs, ses 8 Go de mémoire vive et sa carte graphique Radeon R5 lui permettent de s'attaquer à des tâches assez lourdes, pour l'amateur évidemment, comme l'édition de photos et de vidéos. Son disque dur est un peu plus lent que la norme, avec 5400 tours par minute, mais peut contenir 1 To de données.

Il est offert avec une sortie HDMI - on peut le brancher directement sur la télé -, trois ports USB, un graveur DVD et toute la connectivité WiFi et Bluetooth qui est de mise en 2015. Évidemment, la caméra et le micro sont intégrés et on y a ajouté une petite touche de qualité côté son, avec des haut-parleurs Beats Audio. Il est équipé du système d'exploitation Windows 8.1.

« Il a vraiment tout, cet ordinateur, affirme M. Lakhder. En plus, il n'est pas lourd, à 2,28 kg, et assez petit pour être transporté partout. »

LE 2-EN-1 DE DELL

Dans un tout autre format, tant dans la conception que dans le prix, le conseiller a un faible pour le XPS de Dell. Il s'agit en résumé d'une tablette de 12,5'' rattachée à un clavier. On peut l'ouvrir pour en faire un ordinateur portable classique, ou tourner l'écran sur lui-même, le rabattre sur le clavier pour en faire une tablette.

Coût de la bête : 1451,19 $.

À ce prix-là, on a un ordinateur extrêmement rapide pesant moins de 1,5 kg. Il est doté d'un processeur Core i7 d'Intel et de 8 Go de RAM. Il a un disque dur de 256 Go de type SSD, sans pièces mobiles et qui permet un démarrage presque instantané. Son écran, évidemment tactile, a une résolution haute définition de 1920 pixels sur 1080. Pour avoir plus de mémoire ou y ajouter un graveur, il faut compter sur ses deux ports USB ou ses connexions wifi et USB. La caméra et le micro sont intégrés.

« C'est parmi les premiers ordinateurs-tablettes offrant autant de capacités, estime M. Lakhder. Vous avez entièrement le choix : il a toute la puissance d'un très bon portable ou la facilité d'utilisation et de transport d'une tablette. »

LE MONTEUR VIDÉO

Les deux associés de 3di, Antoine Laroche et Michel Héroux, sont « des gars de terrain » dans le domaine du montage vidéo, forts d'une vingtaine d'années d'expérience. Leur spécialité, c'est de fournir sur mesure un système à leurs clients, généralement des professionnels qui veulent monter ou améliorer leur petit studio.

PRINCIPES GÉNÉRAUX

Pas besoin de payer une fortune pour s'équiper en montage vidéo : « À partir de 3000 $, t'as quelque chose », dit Michel Héroux. En fait, les prix des divers composants ont tellement baissé « qu'on aurait de la misère à monter un système à 100 000 $ », explique en souriant Antoine Laroche. « Ça nous arrive de dire à des clients de ne pas acheter certaines choses : ils n'en ont tout simplement pas besoin ! », renchérit M. Héroux.

À LA SOURCE

Tout commence avec la caméra qui va fournir la matière première qui sera ensuite éditée. Chez 3di, on recommande chaudement les produits BlackMagic Design. Leurs caméras, de la plus abordable à la plus luxueuse, ont la précieuse propriété d'enregistrer sans compression et à un niveau de détails approprié pour le travail ultérieur en studio. Pour commencer, la Pocket Cinema Camera, à 1349 $, est un choix judicieux, estime M. Laroche. Pour rêver, on peut aller jusqu'à l'URSA 4K, à 8300 $.

DANS LA MACHINE

Leur système idéal : un processeur Intel Core i7 5930K, d'une valeur de 700 $. On l'équipe avec un minimum de 16 Go de RAM, « mais on privilégie 32 Go », dit M. Héroux. Pour le système d'exploitation, Windows 7, « parce que t'en as plus pour ton argent et c'est plus flexible » que Macintosh, ajoute-t-il. Le système et les logiciels utilisés sont installés sur un disque dur SSD, plus rapide. Les autres disques durs sont montés en redondance, en RAID, selon l'acronyme anglais. Un minimum de 8 To est souhaitable. Enfin, la carte graphique retenue est une des préférées des gamers, la GeForce GTX 980, d'une valeur d'environ 700 $. Coût de toute la « quincaillerie » : à partir de 2000 $.

POUR LE TRAVAIL

Le choix des logiciels est évidemment subjectif. Chez 3di, on apprécieDavinci Resolve - toujours du même fabricant que la ligne BlackMagic - pour le traitement des couleurs. En montage, AVID et la suite Adobe Premiere restent les leaders dans ce domaine. Cette dernière, « dans le contexte d'un petit studio, offre une intégration imbattable », estime M. Héroux. Si vous souhaitez vous simplifier la vie, Logickeyboard offre des claviers adaptés aux raccourcis de certains logiciels. Idéalement, on veut travailler sur un moniteur et voir le résultat sur un autre : on en utilisera donc deux, des ASUS PA248Q et PB287Q 4K, dans notre exemple.